Microplastiques Attention aux biberons et bouilloires en polypropylène
Jusqu’à 10 millions de microplastiques par litre ! Une nouvelle étude sur des contenants alimentaires en plastique polypropylène révèle un risque de contamination substantielle.
C’est une pollution invisible, et pourtant massive. Les micro et nanoparticules de plastique, formées par la dégradation de nos emballages et objets du quotidien, s’accumulent tout autour de nous, dans les airs comme dans les océans. Nous en ingérons via certains aliments (comme notre test sur les produits de la mer l’avait montré en 2018), et nous en respirons, sans que les conséquences pour notre santé soient encore connues.
Un constat inquiétant, auquel une nouvelle étude menée à l’université de Dublin (1) ne vient rien arranger. Cette dernière révèle l’ampleur inégalée d’une autre source de contamination : les contenants alimentaires en polypropylène. Bouilloires, gobelets en plastique… de très nombreux objets sont concernés. Mais les chercheurs se sont particulièrement intéressés à une catégorie de contenants : les biberons. Des millions de nouveau-nés, dont l’organisme est particulièrement sensible aux méfaits des polluants, sont en effet nourris chaque année exclusivement à partir de ces bouteilles, en majorité constituées de polypropylène.
BEAUCOUP PLUS QUE DANS LES BOUTEILLES D’EAU
Les auteurs de l’étude ont préparé des laits infantiles dans 10 modèles de biberons différents, en suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : ils ont nettoyé les bouteilles, les ont stérilisées en les plongeant 5 minutes dans une eau à 95 °C puis ont mélangé le lait en poudre avec une eau à 70 °C en secouant le biberon pendant une minute. Résultat : l’équivalent d’entre 1 et 10 millions de microparticules de plastique par litre de lait infantile avaient à chaque fois été libérées. « Une quantité inattendue, des milliers de fois supérieure à celle qui avait déjà été retrouvée dans les bouteilles d’eau en polyéthylène [le plastique généralement utilisé pour ce type de contenants, ndlr] », révèle le chimiste John Boland, qui a codirigé l’étude. Que Choisir avait d’ailleurs fait ses propres analyses sur des bouteilles d’eau, en 2019, et trouvé également une contamination faible.
QUELS EFFETS SUR LA SANTÉ ?
Ce dernier ne souhaite cependant pas effrayer les parents : « On ne sait pas s’il y a des effets délétères sur la santé… peut-être que toutes ces particules finissent par être excrétées », admet-il. Reste que plusieurs études sur des animaux commencent à suggérer la nocivité de l’ingestion de micro et nanoparticules de plastique, sur le microbiote intestinal, le métabolisme, ou encore le cerveau. Dans le doute, les chercheurs ne manquent donc pas de rappeler que des solutions existent pour limiter l’exposition des plus jeunes : utiliser des biberons en verre ou, à défaut, réchauffer, remuer et laisser tiédir le lait infantile dans des contenants qui ne sont pas en plastique, avant de verser la préparation dans le biberon. Quant à l’étape de la stérilisation du biberon, qui augmente la quantité de microplastiques libérés, elle n’est plus recommandée, en France, pour les nouveau-nés en bonne santé (nos conseils pour bien préparer les biberons).
Notons enfin que les biberons ne sont pas les seuls contenants à pouvoir produire des microplastiques, car les auteurs de l’étude ont montré que l’eau chauffée dans une bouilloire en polypropylène était tout aussi contaminée. Mieux vaut donc peut-être privilégier des contenants faits dans d’autres matières (verre, Inox, céramique…), pour l’ensemble des préparations alimentaires chaudes.
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(1) “Microplastic release from the degradation of polypropylene feeding bottles during infant formula preparation” (en anglais)
Elsa Abdoun