UFC-Que Choisir Béziers

Pub pour la malbouffe Les enfants toujours plus exposés

Happy Meal McDonald’s, Nutella, Kinder Bueno… Voici les produits qui ont fait l’objet des plus gros investissements en publicité, en France, en 2018. Et enfants et adolescents sont particulièrement exposés à ce marketing de la malbouffe, déplore Santé publique France.

Pub pour la malbouffe Les enfants toujours plus exposés

Plus de la moitié des publicités pour des produits alimentaires vues par les enfants et adolescents à la télévision glorifient la malbouffe. Voici une des conclusions les plus frappantes d’une récente étude menée par Santé publique France, qui conforte celles obtenues par l’UFC-Que Choisir en 2006, 2007 et 2010.

Pour y arriver, l’agence française de santé publique a notamment récupéré des données Médiamétrie, détaillant la consommation de télévision de 5 000 foyers pendant l’année 2018, puis calculé le Nutri-Score (note de la qualité nutritionnelle, allant de A à E) des aliments mis en valeur dans chaque annonce regardée. Résultat : 53,3 % des publicités alimentaires vues par les enfants de 4 à 12 ans poussaient à l’achat d’aliments au Nutri-Score D ou E, ainsi que 52,5 % de celles vues par les 13-17 ans. Des spots commandés en premier lieu par les chaînes de fast-food et les fabricants de chocolats et de boissons sucrées.

Et ce n’est pas tout : comme l’UFC-Que Choisir auparavant, l’agence observe que ce pourcentage ne fait qu’empirer avec les années. La part de la malbouffe dans les publicités alimentaires vues par les adolescents à la télévision a ainsi augmenté de près de 6,5 % depuis 2015, et de 10 % pour celles vues par les 4-12 ans.

Santé publique France rappelle pourtant qu’il existe « un large consensus sur […] la causalité, entre le marketing alimentaire, le surpoids et l’obésité ». Et appelle donc à « une restriction du marketing alimentaire pour les produits de faible qualité nutritionnelle, notamment à la télévision, aux heures où l’audience des enfants et des adolescents est élevée. »

Il faut dire que l’encadrement de ces publicités est, en l’état, extrêmement limité. Mis à part la loi imposant des messages sanitaires du type « pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé », on peut citer celle du 20 décembre 2016 supprimant la publicité commerciale dans les programmes jeunesse de la télévision publique. Mais cette dernière s’avère une protection bien maigre car, comme le révèle l’étude de Santé publique France, ces programmes représentent moins de 1 % du temps de télévision regardé par les enfants et adolescents.

Santé publique France est loin d’être la première à préconiser un plus strict encadrement de la publicité alimentaire destinée aux plus jeunes. Avant elle, l’Inspection générale des affaires sociales, le Haut Conseil de la santé publique, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Unicef, l’OMS, la Cour des comptes et plusieurs associations telles que l’UFC-Que Choisir ont milité dans ce sens.

Amendement d’Olivier Véran rejeté

Pourtant, rien ne bouge. Le projet de loi sur l’audiovisuel, présenté en décembre 2019 (et finalement abandonné mi-juin), ne prévoyait toujours pas d’encadrer plus sévèrement les spots publicitaires vantant des aliments de mauvaise qualité nutritionnelle à destination des enfants et des adolescents. Même l’amendement déposé en 2019 par l’actuel ministre de la Santé Olivier Véran, alors député de l’Isère, d’afficher systématiquement le Nutri-Score dans les publicités alimentaires, avait finalement été rejeté au Sénat. Quant à la nouvelle stratégie de la Commission européenne en matière d’agriculture et d’alimentation, dévoilée récemment, elle compte encore une fois, pour régler ce problème, sur une chimérique capacité d’autorégulation des industriels.

Il n’est décidément pas simple de s’attaquer à l’industrie agroalimentaire, premier secteur industriel français et source de plus d’un demi-milliard d’euros de recettes de publicité pour la télévision.

Et Internet ?

Les résultats de la dernière étude de Santé publique France le montrent bien, enfants et adolescents délaissent de plus en plus la télévision au profit d’Internet. Les 4 à 12 ans passent à présent 53 minutes par jour sur les réseaux sociaux et autres sites Web, contre 1 h 59 pour les 13-17 ans. Il n’est donc pas étonnant de constater que l’industrie agroalimentaire y consacre une part toujours plus importante de son budget publicité (au moins 22 % en 2018). Et si Santé publique France n’a pas pu déterminer le type d’annonces auxquelles les enfants sont exposées en ligne, elle suspecte qu’Internet contribue, aux côtés de la télévision, à une exposition « massive aux publicités pour les produits gras, sucrés, salés ». L’agence conclut donc que, sur ce média, un « encadrement apparaît tout aussi nécessaire ».

Elsa Abdoun

30 juin 2020

Savon pour fruits et légumes On peut s’en passer !

Le savon aura été l’un des grands bénéficiaires de la crise sanitaire liée au coronavirus. Outre le lavage des mains à tout instant de la journée, un autre débouché à l’intérêt plus que relatif émerge : le savonnage des fruits et légumes.

Savon pour fruits et légumes On peut s’en passer !

Surfant sur la tendance sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, une grande surface a positionné au niveau de son rayon fruits et légumes frais des bouteilles de « Savon fruits et légumes » liquide à l’huile d’olive écologique (9,90 €). Origine France et jolie étiquette vintage pour le marketing. La bouteille plastique est elle-même emballée dans un sachet plastique, ce qui lui vaut de se faire épingler sur Facebook par le compte de Mr Mondialisation. Une employée de l’Hyper U en question (La Montagne en Loire-Atlantique), contactée par nos soins, nous a même fourni des préconisations étonnantes : il ne serait pas « forcément nécessaire de rincer les fruits et les légumes ainsi nettoyés » !

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Les savons pour fruits et légumes de la marque La droguerie de Blanche dans leur emballage en plastique (source : page Facebook de Mr Mondialisation).

Boosté par le Covid-19

Ce genre de produits n’est pas nouveau, en particulier aux États-Unis et au Canada. Mais les ventes sont visiblement boostées par la crise sanitaire, au vu du nombre de sites Internet affichant « rupture de stock ». Tant mieux pour votre porte-monnaie, vous économiserez ainsi jusqu’à 9 € le litre de nettoyant de la marque canadienne Aroma Nature. Chez Briochin (marque française), vous en auriez eu pour 3,45 € les 50 cl, soit 6,90 € le litre. Le site indique opportunément sur la page de son produit « Faire face au Covid », et ce grâce à une recette « inchangée » à base d’eau et de vinaigre.

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Les nettoyants pour fruits et légumes des marques Aroma Nature et Briochin.

Vous pouvez aussi ne pas tomber dans les pièges du marketing, et prendre un minimum de précautions quand vous faites vos courses, nettoyer vos légumes à l’eau ou les stocker 48 heures avant de les consommer pour écarter tout risque. Les autorités sanitaires estiment en effet la transmission par les fruits et légumes peu probable.

Elsa Casalegno

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30 juin 2020

Location de vacances entre particuliers   Les règles sanitaires durant la crise du coronavirus

De nombreux voyageurs français, contraints de revoir leurs projets de vacances, ont pris d’assaut les plateformes de locations de logements entre particuliers (Abritel, Airbnb, LeBonCoin…). La propreté du lieu de villégiature est plus que jamais un enjeu sanitaire, ce pourquoi des mesures spécifiques ont été mises en place par ces acteurs du tourisme.

Location de vacances entre particuliers Les règles sanitaires durant la crise du coronavirus

Depuis le 14 mai, date de l’annonce du plan de soutien au tourisme par le gouvernement, les demandes explosent sur les sites de locations entre particuliers« Depuis le 14 mai, nous avons constaté un boom des réservations sur les plateformes. Certaines semaines, il y en a deux fois plus que l’an passé », déclare Timothée De Roux, président de l’Union nationale pour la promotion des locations de vacances (UNPLV) mais aussi directeur général d’Abritel. Ces chiffres sont corroborés par Airbnb, qui indique qu’entre le 25 mai et le 7 juin, les 107 000 réservations effectuées en France représentent une augmentation de 40 % par rapport à la même période en 2019. Et de préciser qu’il s’agit surtout de séjours dans les campagnes françaises, particulièrement plébiscitées cette année, sur des durées plus longues. Rien de surprenant. Dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, et alors que le conseil scientifique vient d’annoncer qu’une deuxième vague épidémique est « extrêmement probable », faire le choix d’un lieu de villégiature privé et clos semble plus sûr.

PROPRETÉ DES LIEUX

Afin d’éviter la propagation du virus dans les logements, les différents sites de location entre particuliers se sont mis en ordre de marche. L’UNPLV, qui regroupe les professionnels du secteur (Abritel, Airbnb, TripAdvisor, LeBonCoin, SeLoger Vacances…), a élaboré un protocole à destination de ces sites, valable en France. Ce document, visé par les ministères de la Santé et des Affaires étrangères, soumet une méthodologie d’entretien à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitation : ordre de nettoyage, conseils pratiques, techniques de ménage, équipement, produits à utiliser, temps d’attente entre deux locataires… Revient ensuite aux plateformes de communiquer auprès des propriétaires qui louent leurs logements afin qu’ils respectent ces directives. Toutes ont adopté ce protocole, selon Timothée De Roux, élargi par nombre d’entre elles. Abritel a, par exemple, ajouté des recommandations internationales. De son côté, Airbnb a décliné son dispositif global, conçu par sa maison mère aux États-Unis, dans douze pays pour l’instant, dont la France. Le site a également développé un partenariat spécifique dans l’Hexagone, avec la société Ekoklean, effectif à partir du 1er juillet. Les loueurs peuvent acheter un kit de nettoyage (environ 30 €), confectionné par cette société spécialisée dans les produits durables, ou bien payer un service de ménage réalisé par des professionnels de cette société dans les locations. Le prix de ce service, qui pourrait se répercuter sur le coût de la réservation, ne nous a pas été communiqué.

Une fois ces actions mises en place, comment s’assurer que les hôtes respectent les protocoles édictés par les plateformes ? Ces dernières peuvent à ce jour répertorier ceux qui s’y engagent et les mettre en avant dans les résultats de recherche des vacanciers, mais il n’y a pas de vérification dans les habitations des particuliers. C’est pourquoi une fois arrivé dans votre lieu de vacances, nous vous conseillons de vérifier l’état de propreté de la résidence. Portez une attention particulière aux surfaces les plus utilisées : robinets, surfaces des meubles, poignées de porte… Si vous avez un doute, nettoyez-les vous-même. Si vous constatez des manquements, faites-en part au propriétaire. Vous pouvez également prévenir les autres internautes en laissant un commentaire sur la plateforme. Enfin, dans le cas où vous recevez des invités, respectez au maximum les consignes de distanciation.

ANNULATION LIÉE À LA CRISE DU CORONAVIRUS

« À l’heure actuelle, il y a peu de désistement, mais les internautes cherchent quand même des conditions d’annulation les plus flexibles possibles. C’est le premier critère recherché par les vacanciers, car ce sont les propriétaires qui décident des conditions d’annulation et de remboursement », explique Timothée De Roux. En effet, en temps normal, l’hôte décide s’il rembourse intégralement, partiellement ou pas du tout. En cas d’annulation d’un voyage à cause du coronavirus (suppression d’un transport, d’un événement…), l’ordonnance du 25 mars 2020 s’applique jusqu’au 15 septembre prochain, y compris aux particuliers qui louent leurs logements sur des plateformes en ligne. À vous de prouver le lien entre l’épidémie et l’annulation. Le cas échéant, les hôtes sont obligés de proposer soit un reversement des sommes déjà versées, soit un avoir d’une durée de 18 mois. Si celui-ci n’a pas pu être utilisé à la fin de cette période, le remboursement est automatique.

Attention, si vous êtes infecté par le Covid-19 avant de partir ou pendant votre séjour, l’ordonnance du 25 mars ne s’applique pas. Sauf accord spécifique avec l’hôte, vous devez payer votre location jusqu’à la date de fin, même si vous rentrez plus tôt. Appelez néanmoins votre banquier, pour savoir si la carte bancaire avec laquelle vous avez réservé couvre les frais de rapatriement ou d’annulation.

Marie Bourdellès

30 juin 2020

Pour le « monde d’après »   Construisons ensemble la loi pour une consommation responsable

Alors que le président de la République a annoncé dans sa dernière allocution vouloir s’appuyer sur les corps intermédiaires pour élaborer l’action publique de l’après-crise sanitaire, et que les consommateurs ne semblent pas une priorité du gouvernement alors que la relance passera nécessairement par eux, l’UFC-Que Choisir publie ses 17 propositions pour une consommation plus sobre, plus juste et responsable. Dans une démarche participative, l’association appelle le grand public à s’exprimer sur celles-ci et à les prioriser, afin d’élaborer une loi pour une consommation responsable qu’elle soumettra aux parlementaires et au gouvernement d’ici l’automne.

 

Participez à la consultation

UNE CONSOMMATION REPENSÉE EST INDISPENSABLE À LA RECONSTRUCTION ÉCONOMIQUE DU PAYS

La « première priorité » du président de la République est de « reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire ». Or, la consommation, premier moteur de l’économie française, en est également le premier déterminant : l’économie de demain sera ce que nos choix de consommation en feront. Dès lors, il est urgent et impératif de prendre le chemin d’une politique de consommation repensée. L’UFC-Que Choisir a ainsi identifié, au vu de la crise, sept orientations prioritaires qu’elle veut défendre : au-delà de la sobriété dans notre consommation et d’une reconnexion aux acteurs locaux, le confinement a mis en évidence la nécessaire autonomie d’approvisionnement pour les biens essentiels (en santé particulièrement) autant que l’impératif d’une société du numérique sécurisée et accessible à tous. Les politiques de prévention en santé doivent en outre être largement renforcées, notamment dans l’alimentation : la pandémie a en effet mis en évidence la forte augmentation du risque de forme grave pour les personnes en surpoids.

17 PROPOSITIONS CONCRÈTES POUR UNE CONSOMMATION PLUS SOBRE, PLUS JUSTE ET RESPONSABLE

Dans le cadre de ces orientations transverses, l’UFC-Que Choisir a établi 17 propositions concrètes, qui permettront de faire émerger cette nouvelle consommation. Autonomie alimentaire, droit opposable à un internet de qualité, allongement de la durée de garantie pour combattre l’obsolescence organisée, mais aussi promotion des circuits courts ou hausse des effectifs dans l’accompagnement des personnes âgées dépendantes : les consommateurs sont appelés à se prononcer sur une grande variété de sujets, pour en dégager les priorités.

Mais les revendications de l’association portent également sur la nécessaire protection des consommateurs contre les effets de la crise économique, dont les entreprises ne sont pas les seules victimes, loin de là. L’UFC-Que Choisir propose donc des mesures d’urgence comme l’allégement temporaire de la charge de remboursement des crédits ou la prévention des expulsions des locataires, particulièrement dans le parc social, en difficulté financière.

LE « PRIX VERT », L’INSTRUMENT D’UNE CONSOMMATION PLUS RESPECTUEUSE DE L’ENVIRONNEMENT

Parmi les 17 propositions soumises au débat, figure la mise en place d’un « prix vert », c’est-à-dire d’un prix qui reflète le vrai coût environnemental de notre consommation (fabrication, transport, déchets, etc.). Quand un produit ou un service nuit à l’environnement, il n’est plus acceptable que son prix n’en tienne pas compte et qu’il n’entre donc pas dans les arbitrages des consommateurs et des producteurs. Cette mesure permettrait de rendre plus compétitifs les produits écologiquement vertueux, qui pâtissent aujourd’hui des prix indûment bas des fabricants qui n’assument pas le coût de leurs pollutions. Comment accepter par exemple que le transport aérien bénéficie d’exonérations de taxes sur le carburant, ou que les produits entrant en Europe ne soient pas soumis à une « taxe carbone » à la différence des productions locales ?

Véritable instrument d’une consommation responsable, cette mesure n’est naturellement acceptable qu’à la condition qu’elle soit transparente, neutre budgétairement pour les consommateurs (les sommes collectées doivent revenir à la collectivité des consommateurs ou financer de nouvelles actions en faveur de l’environnement) et progressive (dans son montant et dans les produits concernés).

L’UFC-Que Choisir appelle les Français à participer massivement à cette consultation sur la « consommation d’après ». A l’image de la contribution au Grand débat national, notre association portera ensuite les propositions prioritaires auprès des pouvoirs publics pour obtenir une Loi qui ancrera cette vision politique… dont le besoin est plus criant que jamais, d’autant que cette mandature, contrairement aux précédentes, n’a toujours pas adopté de loi générale sur la consommation.

 Consulter le dossier de presse

28 juin 2020

Jardinage   Les semences paysannes restent autorisées pour les amateurs

Les jardiniers du dimanche pourront continuer à acheter des semences paysannes ou de variétés anciennes à des agriculteurs, pour une consommation personnelle. Une loi récemment parue grave ce droit dans le marbre.

La loi du 10 juin 2020 relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires confirme la possibilité pour les jardiniers amateurs d’acheter des semences paysannes à des producteurs (1). Si cette loi apporte une clarification bienvenue, elle ne change rien dans les faits puisque les particuliers pouvaient déjà acheter ce type de semences en toute légalité depuis 2014.

Sont concernées les variétés appartenant au domaine public, car non protégées par un brevet ou un certificat – donc non inscrites au catalogue officiel chargé de contrôler la qualité des semences (2). Il s’agit souvent de variétés anciennes, mais pas uniquement. Et les semences peuvent être des semences paysannes, c’est-à-dire prélevées dans la récolte d’un paysan, ou produites par un artisan semencier.

Toutefois, « ces échanges ou ventes […] sont limitées à des utilisateurs non professionnels qui ne feront pas une exploitation commerciale de la variété », précise la Direction de l’information légale et administrative (dépendant du Premier ministre) sur son site. Autrement dit, pour une consommation personnelle. Mais il n’est toujours pas question d’autoriser les agriculteurs à acheter ce type de semences à d’autres agriculteurs, pas plus que d’en vendre la récolte dans la plupart des circuits de commercialisation.

Le Réseau semences paysannes signale que cette loi ne concerne que les semences, et que la vente de plants maraîchers de variétés non inscrites au catalogue officiel reste interdite.

Des débouchés différents

Le catalogue officiel répertorie les espèces et variétés cultivées issues de la sélection menée par les entreprises semencières. Ces semences et leur production (issue de leur récolte) sont autorisées à la culture et à la vente en toutes circonstances.

En revanche, si les agriculteurs ont le droit de cultiver les variétés non inscrites, ils ne peuvent vendre les semences par les circuits de commercialisation classiques, qui exigent des variétés inscrites. Pour autant, certains débouchés sont possibles. Ainsi, un paysan-boulanger peut vendre les pains qu’il fabrique à partir des céréales qu’il cultive, inscrites ou non au catalogue officiel.

Plusieurs associations et syndicats, comme Kokopelli et la Confédération paysanne, réclament depuis longtemps la possibilité de vente des semences entre agriculteurs. Ils jugent que le système actuel entraîne une standardisation défavorable à la biodiversité, qu’il consacre la mainmise des multinationales semencières sur ce marché, et la confiscation du vivant par le brevetage.

(1) Elle rétablit l’article 78 de la loi « Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole » issue des Égalim, qui avait été partiellement censuré par le Conseil constitutionnel.
(2) Le Catalogue officiel français des espèces et variétés de plantes cultivées, créé en 1932, est sous la responsabilité du ministère de l’Agriculture. Il permet de clarifier l’offre semencière en garantissant les caractéristiques de la variété enregistrée, ainsi qu’un certain niveau de stabilité génétique et de sécurité sanitaire de la semence.

Elsa Casalegno

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28 juin 2020

Encadrement des loyers à Paris   50 % de propriétaires hors des clous

Plus d’une annonce sur deux dans la capitale ne respecterait pas l’encadrement des loyers. Les excès les plus importants se situent dans les « beaux quartiers » : centre de Paris, ainsi que les VIe et VIIarrondissements. C’est ce que révèle une étude récente du site Meilleurs Agents.

Encadrement des loyers à Paris 50 % de propriétaires hors des clous

En moyenne, le dépassement est de 130 €, ce qui représente environ 1 500 € par an. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par le site d’estimation immobilière en ligne Meilleurs Agents auprès de 5 500 agences immobilières. « Ce n’est guère étonnant. Le dispositif souffre dès son origine d’un défaut majeur : l’absence de contrôle du respect par les propriétaires de leurs obligations. En pratique, à Paris, les locataires qui doivent se livrer à un véritable marathon pour trouver un bien qui leur corresponde, vont très rarement poursuivre leur bailleur devant les tribunaux », dénonce Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement (CNL). Malgré le fait que près de la moitié des propriétaires dépassent le prix maximum autorisé, il faut cependant noter que le dispositif d’encadrement a freiné, de façon globale, la hausse des loyers. En effet, selon l’analyse de Meilleurs Agents, on peut observer une légère baisse pendant les six premiers mois ayant suivi la réintroduction du dispositif à Paris en juillet 2019. En cohérence avec une étude publiée l’année dernière par l’Observatoire des loyers parisiens (Olap) qui notait : « L’absence d’encadrement des loyers à Paris en 2018 a généré des dépassements plus fréquents et plus marqués pour les relocations. »

L’encadrement des loyers a été réintroduit de façon optionnelle pour les 28 agglomérations en zones tendues à l’article 29 de la loi Elan de 2018. Aujourd’hui seules les agglomérations de Paris et de Lille ont réactivé le dispositif, respectivement en juillet 2019 et mars 2020. En pratique, c’est le préfet qui fixe le loyer de référence. Ce montant est établi en fonction du loyer médian constaté dans chaque zone par un observatoire local des loyers (composé en proportion égale de bailleurs, locataires et gestionnaires). Les bailleurs ne peuvent en principe facturer une location à un prix supérieur de 20 % au loyer de référence.

 

LES PETITS APPARTEMENTS LES PLUS TOUCHÉS

Les logements les plus petits (moins de 20 m²) sont les plus concernés par la mauvaise application de la réglementation. Près de 80 % de ces annonces sont en effet illégales et dépassent le loyer maximum autorisé (contre 48 % pour les appartements de 60 à 80 m2). Une constatation paradoxale, car c’est en priorité le prix de ces derniers, en grande partie loués par les populations les moins favorisées (étudiants, jeunes salariés, familles monoparentales, etc.), que le dispositif d’encadrement des loyers cherchait à contenir. « Pour une véritable régulation du marché, il faudrait revoir le dispositif en profondeur. L’État doit adopter une réglementation nationale qui impose le gel des loyers dans les zones où l’immobilier est tendu. Et il faut accélérer la construction de logements sociaux pour mieux réguler le marché », insiste Eddie Jacquemart. Reste que pour Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents, « les propriétaires qui ne respectent pas l’encadrement ne sont pas tous mal intentionnés. Il faut aussi noter un mauvais calibrage du dispositif. Le loyer de référence par quartier ne prend en effet pas suffisamment en compte toute l’hétérogénéité du marché immobilier parisien. » Il est exact que d’une rue à l’autre, on change parfois presque totalement d’environnement. « Prenons un exemple dans le quartier Clignancourt, ajoute Thomas Lefebvre, le loyer de référence de 27,5 €/m2 pour un 2 pièces d’un immeuble antérieur à 1946, est appliqué pour des biens très recherchés de la place des Abbesses comme pour ceux du boulevard Ney, avec vue sur le périphérique ! »

Élisa Oudin

28 juin 2020

Vélo électrique – Des kits pour transformer votre vélo

Un kit de conversion transforme un simple vélo en un vélo à assistance électrique. En théorie, il suffit d’installer le moteur, la batterie, le contrôleur et l’afficheur qui composent le kit pour rouler sans effort, et sans se ruiner, sur son vieux vélo. Est-ce si simple en pratique ?

Les ventes augmentaient déjà dans le monde d’avant, et le monde d’après – plus écolo et moins serein dans les transports – s’attend à tourner autour de lui : le vélo à assistance électrique (VAE) a plus que jamais la cote. Mais avec un prix moyen de 1 749 € (1), il représente un budget conséquent. Nos tests de vélos électriques tendent d’ailleurs à montrer que ce prix moyen est aussi le prix minimum pour s’offrir un modèle performant et bien équipé. Certains regards se tournent donc vers une solution alternative, qui consiste à transformer un simple vélo en un vélo électrique. On trouve en effet dans le commerce, principalement sur Internet, des « kits d’électrification », vendus entre 400 et 1 000 €, qui comprennent le moteur, la batterie, l’afficheur et tous les autres composants nécessaires (capteur de pédalage, contrôleur destiné à gérer l’assistance, câbles). Les premiers kits sont apparus en France il y a plus de 10 ans, mais le marché est encore assez confidentiel. Selon nos estimations, moins de 5 000 kits sont vendus chaque année (à comparer aux 338 000 vélos électriques vendus en 2019). Mais leur heure de gloire est peut-être arrivée. « Les commandes ont doublé depuis le 11 mai [date du déconfinement, ndlr] ! » se réjouit Jean-Pascal Plumier, fondateur d’Ozo Electric, l’un des deux principaux vendeurs français. Le second, Cycloboost, confirme ce boom post-confinement. « Un kit permet d’utiliser son propre vélo, ce qui évite d’en acheter un autre, et séduit les cyclistes qui ont déjà investi dans un modèle haut de gamme, bien adapté à leur morphologie », explique Marieke, qui gère la communication de l’entreprise.

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Kit comprenant un moteur à installer sous le pédalier commercialisé par Ozo.

Le « Ikea du vélo »

Pas très jolis, décrits par des informations techniques, vendus quasi exclusivement sur Internet… À première vue, les kits d’électrification semblent plutôt réservés aux connaisseurs. Il faut d’abord choisir entre les deux systèmes les plus couramment proposés, l’un avec moteur à installer sous le pédalier et batterie à fixer sur le cadre, l’autre intégrant batterie et moteur dans l’une des roues (lire encadré). Pour clarifier l’offre, les vendeurs les classent par type de vélo (de ville, de route ou VTT). Libre au client de choisir ensuite la capacité de la batterie et un ordinateur de bord (l’afficheur qui, placé sur le guidon, indique la vitesse, le niveau de la batterie, et qui permet de changer le niveau d’assistance). Cycloboost et Ozo Electric affirment que la compatibilité des vélos, qui constituait une limite importante il y a quelques années, n’est plus un sujet : 80 à 99 % des vélos en circulation seraient, selon eux, compatibles avec un kit. Difficile à vérifier, mais une chose est sûre : quiconque s’intéresse au système devra d’abord prendre quelques mesures sur son vélo (largeur de l’entraxe de la roue, de l’encoche du bec de cadre, des pneus ou encore dimensions du boîtier de pédalier).

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VTT, vélo de ville, vélo de course… Chaque type de vélo a son kit adapté.

Viendra ensuite l’heure de l’installation. « C’est un peu le Ikea du vélo ! Si vous êtes capable de monter un meuble en kit, vous êtes capable d’installer un kit d’électrification, promet Jean-Pascal Plumier. D’autant qu’avec les années, les kits se sont simplifiés. Par exemple, nos prochains modèles ne comprendront plus que deux câbles au lieu des quatre habituels. Et plusieurs détrompeurs, par la forme ou la couleur, écartent les risques d’erreur. » Cycloboost affirme de son côté que 3 h sont amplement suffisantes et que n’importe quel utilisateur capable de procéder à l’entretien de base d’un vélo (changer une chambre à air, régler les vitesses ou changer les câbles de frein, par exemple) détient toutes les compétences requises.

Bye-bye l’homologation du cycle

Mieux vaut quand même être sûr de soi avant de se lancer. Car en cas de difficulté, n’espérez pas trop d’aide des professionnels du cycle ! Rares sont les enseignes et les ateliers qui acceptent de toucher aux kits. « Les professionnels qui mettent à la vente ou installent ces dispositifs engagent pleinement leur responsabilité civile et pénale », décrypte l’enseigne Culture Vélo sur son site Web. Un vélo doit en effet respecter certaines normes (ISO4210 pour un cycle classique, EN 15194 pour un vélo électrique) pour être commercialisé. « Aucun fabricant de cycle n’autorise une quelconque modification de son produit. Ce serait au professionnel d’attester de la sécurité de son produit final. Or faire certifier conforme un vélo transformé en vélo électrique par un laboratoire agréé coûterait plusieurs dizaines de milliers d’euros », explique Olivier Moucheboeuf, responsable de la normalisation au sein de l’Union Sport & Cycle. Notez qu’en installant vous-même le kit, vous roulerez aussi sur un vélo non homologué. En cas d’accident, votre assurance refuserait probablement de vous indemniser. En outre, des voix s’élèvent qui dénoncent aussi la non-conformité des kits au code de la route, selon lequel un vélo électrique est autorisé si son moteur ne dépasse pas 250 W, qu’il est limité à 25 km/h et que le cycliste doit pédaler pour déclencher l’assistance (article R. 311-1). La plupart des kits respectent bien ces règles, mais les vendeurs de kits commercialisent aussi des moteurs de 500 et 1 000 W, bel et bien interdits sur la voie publique. Ceux-ci doivent toutefois équiper des VTT, pour rouler en montagne, ou des vélos cargos, qui transportent des charges lourdes et profitent d’un flou en ce qui concerne leur réglementation.

 

Des reins assez solides pour l’électrique ?

Autre crainte pour qui souhaite installer un kit électrique : un vieux biclou a-t-il les reins assez solides pour supporter la puissance de l’électrique, les freins sont-ils assez puissants pour stopper un vélo à 25 km/h ? Difficile de trancher la question en un mot. « Un cycliste de 80 kg en danseuse exerce sur le vélo une contrainte plus forte qu’un moteur électrique », avance Jean-Pascal Plumier, d’Ozo Electric. Le son de cloche est radicalement autre sur le site de l’enseigne Culture Vélo, qui indique que « le cadre, la fourche ou le dispositif de freinage ne sont pas dimensionnés pour de telles contraintes ». La réponse se trouve sans doute dans la nuance : « Sur un vélo de bonne manufacture, le risque de casse est très faible. Un système électrique entraînera une usure prématurée de plusieurs composants, comme les freins, la transmission ou les pneus. Et puis un accident résulte toujours d’un concours de plusieurs circonstances », explique Mickaël Duvivier, chef de produit chez Cycleurope (Bianchi, Gitane, Peugeot Cycles). En tous cas, ni la mairie de Paris (2) ni la métropole de Lyon ne semblent s’inquiéter pour la sécurité de leurs administrés : toutes deux intègrent les kits d’électrification dans leur dispositif d’aide financière à l’achat d’un VAE…

Prise en main de la roue électrique Teebike

Outre les kits composés d’un moteur, d’une batterie et d’un ordinateur de bord, on trouve des roues électriques tout-en-un. Cycloboost et Ozo Electric proposent des modèles sur mesure, mais d’autres, comme Teebike, font plus simple. La jeune entreprise (créée en 2019) vient de lancer en France la roue connectée qu’elle vend depuis 2017 en Chine. Ce modèle s’installe à l’avant, ce qui évite les réglages de transmission. Disponible en quatre tailles (20, 26, 27,5 et 28 pouces) et composée d’une jante standard compatible avec les largeurs de pneu courantes, elle pourrait a priori remplacer la roue avant de n’importe quel vélo. Teebike, qui promet une installation très simple, sans aucun câble, vend sa roue 750 €. Nous avons pu l’essayer pendant quelques jours.

visuel teebike

Une simple roue à remplacer, aucun câble à connecter… L’installation est, il est vrai, très simple. Testée sur un vélo basique (Triban 100 de chez Decathlon), l’opération prend une quinzaine de minutes, le temps de dévisser les boulons de fixation en place, de sélectionner les rondelles adéquates pour ajuster l’axe de la roue à la largeur de la fourche (tous les accessoires et outils sont fournis) et de serrer les nouveaux boulons. Le smartphone sert d’afficheur. Comptez 10 minutes pour l’installer sur son support de guidon (lui aussi fourni). Outre l’affichage de la vitesse, des niveaux d’assistance, du niveau d’autonomie, l’application dédiée (disponible sous Android et iOS) permet de calibrer la roue lors de la première utilisation ou encore de brider la vitesse en dessous des 25 km/h autorisés.

Le moteur s’active dès les premiers tours de pédale, à partir de 5 km/h. Grâce à son capteur gyroscopique intégré, la roue adapte l’assistance à la pente du terrain. À l’usage, l’assistance est réelle et les 3 niveaux proposés appréciables. Mais le tableau n’est pas parfait. Le poids de la roue (7,5 kg) se fait difficilement oublier quand on déplace le vélo. Impossible ensuite de recharger la batterie sans démonter la roue (à moins de disposer d’un garage équipé d’une prise électrique). Enfin, changer de niveau d’assistance oblige à lâcher la route du regard : sans boutons physiques, les commandes ne tombent pas sous les doigts. Au final, la simplicité d’installation constitue le principal atout de cette roue pour qui cherche une assistance d’appoint. Mais un vélo électrique tout-en-un, fut-ce d’entrée de gamme, s’avère plus confortable pour les longs trajets.

 

(1) Union Sport & Cycle, Observatoire du cycle, mai 2020.
(2) Les kits d’électrification sont éligibles à l’aide financière de la mairie de Paris, mais pas à celle d’Île-de-France Mobilités, l’autorité qui gère les transports en communs en Île-de-France.

Camille Gruhier

27 juin 2020

Téléphonie mobile – Bouygues Télécom bricole de faux forfaits 5G

La 5G n’existe pas encore officiellement que Bouygues Télécom surfe déjà dessus. L’opérateur vient en effet de lancer 3 forfaits qu’il annonce comme étant « compatibles 5G », laissant ainsi entendre à ceux qui y souscriront qu’ils pourront bénéficier, dès son lancement, de tous les services innovants que devrait apporter la 5G. La situation est en réalité nettement plus compliquée, et ce pour 3 raisons :

1. Les smartphones compatibles sont rares

Téléphonie mobile Bouygues Télécom bricole de faux forfaits 5G

La première condition pour bénéficier de la 5G, c’est d’avoir un smartphone 5G. Les forfaits de Bouygues permettent d’en acquérir un, soit comptant, soit à un tarif préférentiel en échange d’une mensualité supplémentaire de 8 €/mois pendant 24 mois. Cette possibilité d’acquérir un smartphone 5G, d’autres opérateurs la proposent, sans afficher pour autant que leurs offres sont « compatibles 5G ». Qui plus est, le fait de souscrire à une offre 5G donne accès à tous les smartphones de Bouygues, y compris aux modèles 4G, qui ne permettront jamais de bénéficier de la 5G. Pour illustrer la rareté des smartphones 5G, seuls 4 modèles sur 359 de notre test de smartphones sont compatibles 5G.

Visuel offres compatibles 5G bouygues
Sur son site, Bouygues indique les smartphones compatibles 5G.

2. Le lancement de la 5G est encore dans le flou

Bouygues Télécom précise en petits caractères que la 5G est attendue « dans les zones urbaines vers la fin de l’année 2020 ». L’Arcep ayant fixé à fin septembre l’attribution des fréquences, les premières offres 5G devraient apparaître d’ici à la fin de l’année. Mais on ne sait pas encore exactement à quelle date, et surtout, dans quelles villes elle sera déployée en priorité. Il est donc peu judicieux de s’engager dès maintenant pour 12 ou 24 mois chez un opérateur sans savoir si l’on pourra vraiment bénéficier de la 5G chez soi.

3. Au début, la 5G n’apportera pas grand-chose

« Les services 5G qui révolutionneront l’industrie n’arriveront pas en France avant 2023. D’ici là, la 5G permettra surtout d’afficher un 5 au lieu d’un 4 sur les smartphones des utilisateurs, mais surtout aux opérateurs d’écouler plus de trafic pour un prix inférieur. » Cet aveu, c’est Olivier Roussat, le patron de Bouygues Télécom, qui l’a fait le 10 juin dernier devant la Commission de l’aménagement du territoire du Sénat. Autrement dit, selon lui, la 5G n’apportera rien de plus aux utilisateurs qu’une bonne 4G pendant encore au moins 2 ou 3 ans, le temps qu’une deuxième génération de 5G soit déployée. Le fait que Bouygues Télécom soit le premier opérateur à lancer des offres compatibles 5G apparaît encore plus cocasse quand on sait que l’opérateur n’a cessé d’œuvrer ces derniers temps pour repousser l’attribution des licences à 2021, estimant qu’il n’y avait pas d’urgence à déployer la 5G en France.

Conclusion : mieux vaut ne pas souscrire à ces forfaits en espérant surfer en 5G sur son smartphone dès la fin de l’année. Surtout qu’à 41,99 € par mois le forfait 60 Go, 48,99 € le 90 Go et 69,99 € le 120 Go (réduction de 15 € par mois les 12 premiers mois), ces forfaits destinés aux très gros utilisateurs sont assez chers. En fait, cette initiative de Bouygues montre surtout que la guerre de la 5G a déjà commencé chez les opérateurs, et confirme qu’il sera difficile pour les consommateurs de s’y retrouver.

Cyril Brosset

27 juin 2020

Achats en ligne – Cacophonie chez Orchestra

Le spécialiste de la vente de vêtements pour enfants Orchestra a eu toutes les peines du monde à honorer de nombreuses commandes passées sur son site Internet pendant le confinement. Une fausse note de plus sur fond de reprise d’entreprise et de défiance des salariés.

Le confinement n’aura pas réussi à Orchestra. Après la fermeture subite de ses 248 magasins français, le 15 mars dernier pour cause de confinement, le groupe spécialisé dans la vente de vêtements pour enfants et d’articles de puériculture n’est pas parvenu à faire face à l’explosion du nombre de commandes sur son site Internet. Résultat : des centaines de clients n’ont jamais reçu les articles qu’ils avaient achetés ou n’ont réceptionné qu’une partie de leur commande. D’autres ont bien reçu un colis, mais l’article qui se trouvait à l’intérieur n’était pas le bon. Ceux qui sont parvenus à joindre le service client, souvent après des dizaines de tentatives, soit n’ont pas obtenu de réponse satisfaisante à leur question, soit se sont vu promettre une livraison dans les jours qui suivaient ou un remboursement rapide qui n’ont jamais eu lieu. Certains clients ont même tenté leur chance en boutiques dès que celles-ci ont rouvert leurs portes, mais là encore, sans succès. « Nous n’avons pas accès aux informations liées aux commandes en ligne, nous a expliqué une responsable de magasin. Nous ne pouvions pas les aider. Certains clients mécontents sont devenus très agressifs. » « L’un d’eux a passé dix minutes à m’insulter au téléphone et à menacer de venir se servir en rayon le lendemain », se souvient une vendeuse encore sous le choc.

Enchaînement de mauvaises décisions

Cette situation catastrophique, on la doit bien sûr à la période exceptionnelle que nous venons de vivre. Mais on la doit aussi à une organisation interne qui a montré ses limites et à un enchaînement de mauvaises décisions de la part de la direction d’Orchestra. En temps normal, lorsqu’une commande est passée sur le site Orchestra.com, celle-ci est préparée soit dans un entrepôt situé près de Montpellier, soit dans une des boutiques du réseau. Un système informatique se charge de répartir les commandes en fonction des stocks disponibles. Mais à partir du 15 mars, alors que les magasins étaient fermés, le système a continué de leur faire parvenir des demandes d’expédition qui, de fait, n’étaient pas traitées. Ce n’est qu’au bout de deux semaines que certains magasins, enfin équipés en matériel de protection, ont pu à nouveau expédier des colis, mais à un rythme très faible. À cela se sont ajoutés des problèmes avec Colissimo, l’unique transporteur d’Orchestra. Lui aussi touché par un manque de personnel et contraint de traiter en priorité les commandes de produits essentiels, le spécialiste de la livraison a mis beaucoup plus de temps que d’ordinaire à récupérer les colis dans les boutiques et à les faire parvenir à leurs destinataires. Certains colis se sont même perdus en route. Orchestra assure avoir cherché d’autres transporteurs, mais un seul a pu prendre en charge une toute petite partie des colis en attente. En revanche, la société n’a pas jugé bon de stopper la prise de commandes, n’a pas suffisamment renforcé son service client qui croulait sous les demandes, ni même remboursé les clients qui en faisaient la demande, comme la loi le leur permet. « Pour certaines personnes, le litige s’élève à quelques dizaines d’euros, mais il y a des victimes qui ont dépensé beaucoup d’argent pour préparer l’arrivée de leur bébé et qui se retrouvent dans une situation très délicate car elles n’ont pas les moyens de racheter ailleurs ce qu’elles avaient commandé », se désole Nadia, qui est à la tête de la page Facebook Recours collectif contre Orchestra, qui regroupe 380 victimes.

Enfin des remboursements !

Il aura fallu attendre plusieurs semaines pour que la direction d’Orchestra consente à distribuer des avoirs valables en magasin. Cette décision, prise pour limiter la pression sur les services Web, est loin d’avoir résolu les problèmes. « Certaines personnes n’ont jamais retrouvé en magasin l’article qu’elles avaient commandé ou ont acheté ailleurs les vêtements ou le matériel dont elles avaient besoin, explique Nadia. Qui plus est, certains avoirs étaient d’un montant inférieur à celui de la commande, sans que l’on comprenne pourquoi. »

De son côté, la direction d’Orchestra ne nie pas les problèmes, mais promet que le bout du tunnel est proche. « Nous prévoyons un retour à la normale en milieu de semaine prochaine, affirme Arnaud Pellegrini, le directeur digital d’Orchestra. Il nous reste désormais à résorber le retard. Cela se fera progressivement. » Surtout, le responsable du site Internet Orchestra.com accepte désormais de rembourser tous les clients qui le souhaitent, sans condition. « Il suffit pour cela d’en faire la demande sur le site https://orchestra-refund.com/. Le remboursement sera effectif dans les 92 heures », promet-il. De fait, une partie des clients semble avoir récupéré son argent ces derniers jours. Si toutefois votre litige perdurait, faites parvenir à Orchestra (200 avenue des tamaris, ZAC St-Antoine, 34130 Saint-Aunès) un courrier recommandé la mettant en demeure de procéder au remboursement des sommes dues. L’association locale UFC-Que Choisir la plus proche de chez vous peut vous aider dans vos démarches. De notre côté, nous serons très attentifs à ce que toutes les victimes obtiennent une réponse satisfaisante.

Un bug qui tombe au plus mal

Cet épisode désastreux survient alors qu’Orchestra subit depuis des mois une crise sociale sans précédent. Placé sous procédure de sauvegarde puis en redressement judiciaire en avril dernier, le groupe Orchestra-Premaman attendait d’en savoir plus sur son avenir. Finalement, le 19 juin dernier, le tribunal de commerce de Montpellier a décidé de valider l’offre de reprise présentée par l’actuel PDG Pierre Mestre. Le CSE de l’entreprise, qui s’opposait à cette décision, a fait appel de la décision.

Cyril Brosset

26 juin 2020

Procès du Mediator – Le temps du réquisitoire

Le ministère public a requis des sanctions pénales sévères contre les laboratoires Servier dans l’affaire du Mediator. Elles restent faibles au regard du chiffre d’affaires de la firme.

Au terme d’un réquisitoire long mais affuté et impitoyable, dans l’affaire du Mediator jugée devant le tribunal judiciaire de Paris depuis septembre 2019, la procureure Aude Le Guilcher a demandé aux juges d’infliger aux sociétés du groupe Servier poursuivies une sanction d’un peu plus de 10 millions d’euros au total. Des sommes importantes au regard des peines maximales encourues, mais faibles comparées au chiffre d’affaires annuel des laboratoires Servier, systématiquement au-delà des 4 milliards d’euros ces dernières années, et aux 500 millions d’euros engrangés grâce au Mediator (benfluorex) en 33 ans de commercialisation. S’y ajouteront les dommages et intérêts demandés par les parties civiles la semaine précédente. Seul un ancien responsable de Servier risque la prison, 5 ans dont 2 avec sursis ayant été requis pour Jean-Philippe Seta, ancien numéro 2 du laboratoire. Le jugement est attendu pour le début de l’année 2021.

Des années de dissimulation

Procès du Mediator Le temps du réquisitoire

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est relativement épargnée par le ministère public : il réclame à son encontre une sanction de 246 000 €, malgré des manquements frappants tout au long de la vie du médicament sur le marché français. Tous les pays voisins avaient depuis longtemps banni le Mediator quand les autorités françaises se sont enfin décidées à le suspendre, sous la pression de la pneumologue Irène Frachon ! Les Pays-Bas et la Belgique ne l’avaient même jamais autorisé… Aude Le Guilcher a évoqué une agence « incapable de tirer les conséquences des nombreuses alertes venues de l’extérieur », qui « ne s’est pas donné les moyens de percer le flou et le brouillard créés par le laboratoire ». Mais dans son argumentaire, la responsabilité la plus lourde est clairement du côté de Servier. Dès la découverte de la molécule benfluorex, principe actif du Mediator, la firme sait qu’il s’agit d’un puissant anorexigène de la famille des fenfluramines, comme la dexfenfluramine (Isoméride) et la fenfluramine (Pondéral). Les trois médicaments ont un métabolite en commun, la norfenfluramine, dont la toxicité est vite cernée. Servier cache cette réalité pour vendre le benfluorex dans le diabète. « À la fin des années 60, Servier fait le choix stratégique délibéré d’un positionnement du benfluorex qui ne correspond pas à son activité pharmacologique, en raison de la méfiance des médecins vis-à-vis des anorexiants », rappelle la procureure. Dans un renversement osé, « ce ne sont pas les études cliniques qui positionnent le produit, mais le positionnement du produit qui conditionnent les études », analyse-t-elle. Résultat, des années de dissimulation des propriétés réelles du Mediator, surtout à partir de 1995, date à laquelle les fenfluramines sont éjectées du marché en raison de leurs effets indésirables. « Servier invoque sans cesse l’originalité du benfluorex, or ce n’est qu’un mythe, voire une mystification. » Trompées par Servier, des centaines de personnes meurent, des milliers subissent aujourd’hui encore les séquelles de leur traitement.

Lors de la deuxième journée de réquisitions, mercredi dernier, le ministère public s’est concentré sur les experts des autorités sanitaires payés par Servier alors qu’ils étaient en charge d’une mission de service public, ou recrutés juste après avoir terminé leur mission de contrôle et de surveillance des entreprises pharmaceutiques, sans avoir respecté le délai de 3 ans prévu par la loi. Ils sont poursuivis pour prise illégale d’intérêt ou pantouflage. Pour ceux-là, il n’a réclamé que de la prison avec sursis, et des amendes entre 30 000 et 160 000 €.

Anne-Sophie Stamane

26 juin 2020