Diabète Les pancréas artificiels faits maison sont à éviter
Se libérer des contraintes liées au diabète, c’est la promesse du pancréas artificiel. Sans attendre son arrivée sur le marché, certains patients élaborent leur propre dispositif. Une démarche qui n’est pas sans risque, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Mesurer son glucose sanguin, calculer la dose d’insuline nécessaire et s’injecter le produit. C’est une routine que répètent de nombreux diabétiques, plusieurs fois par jour et parfois la nuit. Ils attendent donc avec espoir l’arrivée d’un dispositif qui automatise toutes ces opérations. Cet appareil, c’est le « pancréas artificiel », aussi appelé système boucle fermée. Mais cette tranquillité d’esprit ne doit pas s’obtenir à n’importe quel prix, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Plusieurs médecins ont alerté sur la production de modèles faits maison (ou DIY, « do it yourself ») par leurs patients. Ils ne sont pas totalement sécurisés ou fiables.
L’Agence n’est pas la première à inviter les patients diabétiques à faire preuve de précaution. En mai 2019, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a émis un message du même type. Un patient, utilisateur d’un pancréas artificiel fait maison, est décédé d’un surdosage d’insuline.
AUCUNE GARANTIE D’EFFICACITÉ
La plupart des outils nécessaires à l’élaboration du pancréas artificiel sont déjà disponibles : pompe à insuline, smartphone et appareil de mesure continue du glucose. Ne manque qu’un algorithme qui calcule, à partir de la glycémie, la juste dose d’insuline à délivrer. Or, certains sont disponibles librement et des tutoriels expliquent comment les installer. Face à ces systèmes, mieux vaut être prudent, recommande l’ANSM. Aucun support n’est fourni en cas de défaillance. Par ailleurs, rien ne garantit que la mesure du glucose soit exacte ou que l’algorithme soit efficace.
Mieux vaut donc se tourner vers des systèmes qui ont obtenu un marquage CE en Europe. Leur usage est plus sécurisé et encadré : les patients sont formés à leur utilisation. L’un d’entre eux, Diabeloop, a même reçu un avis favorable pour un remboursement. La commission chargée des dispositifs médicaux (Cnedimts) a statué en faveur d’une prise en charge en cas de diabète de type 1 mal équilibré malgré la pose d’une pompe à insuline. Ce dispositif devra tout de même faire ses preuves : l’autorisation est limitée à 3 ans et conditionnée à la tenue d’une étude complémentaire. Elle devra démontrer un impact positif sur l’équilibre glycémique et la qualité de vie, mais aussi la survenue de complications.
Lire aussi
Audrey Vaugrente