Tiques – Gare aux pattes rayées !
Depuis quelques années, Hyalomma marginatum, une tique différente de celle qui transmet la maladie de Lyme, s’est installée dans les régions méditerranéennes. Pour le moment, elle ne transmet pas de maladie grave. « Géante », « à pattes rayées », susceptible de transmettre la « fièvre hémorragique de Crimée-Congo », accusée de « courir après sa proie »… que n’a-t-on pas dit comme horreurs sur l’Hyalomma marginatum, la tique dont la présence progresse depuis quelques années dans le sud de la France et en Corse ! Reconnaissons-lui au moins un mérite : contrairement à sa cousine l’Ixodes ricinus, la tique la plus commune sur le territoire français, l’H. marginatum ne transmet pas la maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme. A contrario, elle est porteuse de rickettsies, qui peuvent provoquer une fièvre boutonneuse, en général bénigne. Quant à la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHF), une atteinte sévère souvent mortelle, pas de panique : le virus n’a encore jamais été détecté en France. « Des sérologies positives ont été récemment signalées sur des bovins en Corse, mais on ne sait pas si c’est dû à un virus proche de celui de la CCHF ou à une souche bénigne de CCHF », souligne Frédéric Stachurski, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), à Montpellier. En Europe, la présence du virus est avérée en Roumanie et dans les pays des Balkans (y compris la Grèce). Depuis 2016, quatre personnes, dont une est décédée, ont été diagnostiquées en Espagne.
Garrigues, maquis, forêts et campagnes des zones méditerranéennes
Contrairement à l’I. ricinus, qui aime les endroits frais et humides, l’H. marginatum ne se plaît que dans les environnements secs et arides. En France, vous la croiserez dans les garrigues, maquis, forêts et campagnes des zones méditerranéennes, de la fin du mois d’avril à juillet-août. Elle est facilement reconnaissable à ses pattes rayées rouge et jaune. Sa taille est plus imposante que celle de l’I. ricinus, mais de là à dire qu’elle est « géante », il y a de la marge ! À l’âge adulte, elle mesure tout au plus 8 mm. Il est vrai qu’après s’être gorgée, elle prend de l’ampleur. Pour ses repas de sang, elle se fixe de préférence sur des animaux : petits mammifères et oiseaux au stade larvaire ; chevaux, bovins, ovins, caprins, sangliers, chevreuils au stade adulte. L’humain n’est pour elle qu’un hôte accidentel. S’il est vrai qu’elle se déplace pour atteindre sa cible, à l’inverse de l’I. ricinus qui attend perchée sur un brin d’herbe, encore faut-il que sa proie soit immobile : a priori, l’H. marginatum ne poursuit pas une proie en mouvement !
Prendre les précautions habituelles
En cas de piqûre, la marche à suivre est la même qu’avec toute autre tique : il faut ôter la bête rapidement à l’aide d’un tire-tique, sans quoi une irritation peut apparaître. À défaut, avec les doigts, c’est possible aussi, à condition de saisir la tique au plus près de la peau. Une fois la tique enlevée, n’hésitez pas à la signaler sur Citique.fr ou sur l’application dédiée. En prévention, les répulsifs antitiques n’ont pas été testés sur l’H. marginatum, aussi vaut-il mieux prendre les précautions habituelles : vêtements longs et serrés aux chevilles et aux poignets dans la mesure du possible, inspection minutieuse de la peau au retour d’une sortie. D’après les échos de personnes ayant déjà vu la tique, elle est moins discrète que l’I. ricinus : plus visible, elle provoque aussi des chatouillis sur la peau en se déplaçant. Il est parfois possible de l’évincer avant même qu’elle ne morde !
Anne-Sophie Stamane