Déconfinement Faites le tri dans les inventions anticoronavirus
Depuis le 11 mai et l’amorce du déconfinement, nous devons apprendre à vivre en respectant les règles de distanciation sociale et d’hygiène. Le virus peut en effet se déposer sur n’importe quel objet qui, une fois pris en main, devient vecteur de transmission virale. Certains fabricants ont créé de nouveaux ustensiles pour éviter les contacts. Mais tous ne sont pas dignes de confiance, encore moins nombreux sont ceux indispensables.
Magic Grip, Yanook ou encore Sacha, voici quelques exemples d’innovations issues de la crise sanitaire. Ces crochets visent le même objectif, éviter d’être en contact direct avec différentes surfaces en dehors de son domicile : barres de bus ou de métro pour se tenir, distributeurs automatiques de billets, boutons d’ascenseur, poignées de porte, interrupteurs, robinets… Ces crochets multifonctions, en plastique, métal ou bois, se vendent sur Internet, et pourront servir longtemps si l’on en prend soin et qu’on les nettoie après usage. Yanook, petit instrument en Inox de moins de 10 cm, vendu 7,90 €, fait parler de lui et s’écoule dans le monde entier, selon Le Parisien. Atelier d’Ernest, créateur du crochet Sacha, propose une version light en Inox (9,60 €) ou pro, en eucalyptus et peuplier (16,80 €). « Nous souhaitons équiper non seulement les particuliers mais aussi les entreprises », indique Louison Charpentier, codirigeant de la start-up spécialisée dans la production d’objets en bois avec son acolyte Valentin Diot. Tous deux parviennent à fabriquer 1 000 exemplaires de chaque crochet chaque jour. Alors que bars et restaurants ont rouvert leurs portes le 2 juin, la société a même conçu un kit à destination de ces derniers : limonadiers adaptés, distributeurs de verres… afin d’éviter au maximum les contacts entre le personnel et les plats ou boissons servis aux clients.
Ces ustensiles pouvant eux-mêmes être en contact direct avec le coronavirus, il convient de les nettoyer régulièrement, tout comme il est nécessaire de se laver régulièrement les mains.
Dans un registre davantage high-tech, une entreprise américaine a développé le bracelet Immutouch. Connecté à une application et accroché à votre poignet, il vibre lorsque vous approchez les mains de votre visage. L’objectif est de provoquer un automatisme afin de ne plus porter les mains à son nez, sa bouche, etc., et ainsi ne pas être infecté par le virus. Reste à savoir si l’on a envie de débourser les 50 $ (environ 45 €) nécessaires pour se le procurer.
MÉFIANCE FACE AUX BEAUX DISCOURS
Les belles promesses sur Internet doivent appeler à la vigilance. Par exemple, lafabriquetech.com propose d’acquérir l’« UV Sanitizer », vendu 69 € au lieu de 120 €. Cette boîte promet de tuer « 99,9 % des germes en trois minutes » et désinfecter votre téléphone portable, vos couverts ou encore votre masque, qui n’a alors plus besoin d’être lavé en machine. Mais rien ne prouve que cet objet est efficace, ni qu’il existe bel et bien… Les UV possèdent certes des qualités désinfectantes. Une étude européenne du Comité scientifique sur les risques sanitaires et environnementaux (Scher) de 2017 indique notamment que « des UV-C produits artificiellement sont utilisés avec succès comme bactéricides et germicides depuis des décennies. Ils peuvent détruire des micro-organismes tels que les bactéries, les virus et d’autres agents pathogènes ou empêcher leur croissance ». Cependant, l’exposition aux UV est dangereuse pour la santé, ils « peuvent irriter la peau et abîmer les yeux », rappelle l’OMS. Enfin, un site créé le 25 avril dernier et qui offre une promotion de quasiment 50 % sans raison doit alerter. Et ce d’autant plus lorsque l’on sait que de nombreux escrocs ont profité de la crise sanitaire pour élaborer de faux sites Internet éphémères, ne visant qu’à soutirer des données personnelles.
PAS DE GOODIES MAGIQUES
Des objets publicitaires (ou « goodies ») anticoronavirus, remis gratuitement lors d’une foire ou d’un salon, d’une visite à une association, une entreprise… font leur apparition. Des porte-clés multifonctions, par exemple, mais aussi des stylos antibactériens, actuellement mis en avant sur la Toile, à destination des professionnels. Leur composition notamment en « ions de zinc » est censée repousser les germes. Cet oligoélément est en effet régulièrement vanté pour ses propriétés antibactériennes et antivirales. Méfiance, un beau discours marketing – et non scientifique ! – n’immunise personne contre le Covid-19 et ne dispense ni des gestes barrières ni du lavage des mains.
QUE PENSER DE L’ARTEMISIA ANNUA ?
Se prémunir d’une infection par le SARS-CoV-2 signifie également prendre soin de sa santé et de celle de son entourage. Mais ne vous laissez pas distraire par des propos non scientifiques vantant une solution miracle. Récemment, le président malgache, Andry Rajoelina, a créé le buzz en qualifiant une tisane que le pays produit en grande quantité, à base d’Artemisia annua (armoise annuelle), de « remède ». Cette plante n’est pas nouvelle et a déjà fait l’objet de mises en garde dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Ainsi, concernant la crise du Covid-19, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle que « ces allégations sont fausses et dangereuses : elles pourraient retarder une prise en charge médicale nécessaire en cas d’infection confirmée. En effet, les produits à base d’Artemisia annua n’ont jusqu’alors pas fait la preuve de quelconques vertus thérapeutiques. »
Marie Bourdellès