Avastin L’obstruction de trois labos sanctionnée
L’Autorité de la concurrence inflige une lourde amende (plus de 440 millions d’euros) à Novartis, Genentech et Roche pour avoir entravé, dans le traitement de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), l’utilisation de l’Avastin (bévacizumab), une molécule aussi efficace et moins coûteuse que le Lucentis (ranibizumab), commercialisé par Novartis.
Quand les ophtalmologistes se sont mis à administrer l’Avastin, en 2009, puis quand les autorités publiques ont commencé à chercher un cadre d’utilisation, Novartis n’a pas ménagé sa peine pour exagérer les risques d’une utilisation hors AMM (autorisation de mise sur le marché), c’est-à-dire en dehors des indications officielles du médicament. L’Autorité de la concurrence dénonce la stratégie qui a consisté à diffuser un discours de dénigrement auprès de médecins « leaders d’opinion », afin qu’ils le relaient dans l’ensemble de la communauté médicale. Les associations de patients ont également eu droit à cette propagande. « Cette pratique a eu pour effet de limiter les prescriptions d’Avastin hors AMM pour le traitement de la DMLA, et plus généralement en ophtalmologie. Indirectement, elle a également eu pour conséquence de maintenir le Lucentis à un prix supraconcurrentiel et particulièrement élevé […] », souligne l’Autorité de la concurrence dans son communiqué.
En France, l’Avastin a même un temps été interdit dans la DMLA, au prétexte qu’il nécessitait un reconditionnement avant injection dans l’œil ! Le médicament a finalement pu bénéficier à partir de 2015 d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU), un cadre qui a permis de passer outre le refus de Roche de solliciter une autorisation officielle. La RTU a été renouvelée en 2018, pour 3 ans.
Anne-Sophie Stamane