Arnaque aux graines de Chine – Votre adresse utilisée pour l’envoi de fausses commandes
Depuis quelques semaines, de mystérieux sachets de graines font parler d’eux. Ils arrivent par La Poste, en provenance de Chine, chez des particuliers qui n’ont rien commandé. Un tel phénomène, qui existe déjà outre-Atlantique ou encore au Royaume-Uni et en Israël, a été relayé le 21 août dernier par le ministère de l’Agriculture. Il enjoint les personnes qui recevraient un tel paquet de jeter les semences reçues dans un sac hermétique et d’envoyer les photos des bordereaux d’envoi à la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (bnevp.dgal@agriculture.gouv.fr). Le ministère indique qu’il ne faut pas planter ces graines, qui pourraient représenter une menace pour votre santé ou l’environnement.
Aux États-Unis, des analyses gérées par le Département de l’agriculture des États-Unis (Usda, l’équivalent de notre ministère), et réalisées par les botanistes du Service d’inspection zoosanitaire et phytosanitaire, ont montré que les échantillons étudiés « semblent être un mélange d’espèces ornementales, de fruits et légumes, d’herbes et de mauvaises herbes ». Rien de dangereux donc, a priori.
Technique du brushing par des vendeurs chinois
Si ces végétaux seraient a priori sans danger pour l’homme, ils cachent une technique d’arnaque bien ficelée : le brushing. Les expéditeurs, des vendeurs chinois, cherchent à augmenter leur notoriété et leur visibilité sur les plateformes de commerce en ligne (comme Amazon ou Alibaba). Pour cela, ils créent de faux profils de clients, avec de vraies adresses usurpées, et commandent ces sachets. Une fois la marchandise expédiée puis reçue, les faux acheteurs postent un avis élogieux sur le commerçant ou le produit. Pourquoi un tel procédé ? Amazon spécifie notamment sur son site que « pour écrire un commentaire ou une réponse, vous devez avoir effectué des achats pour un montant égal ou supérieur à 50 euros avec votre compte Amazon.fr au cours des 12 derniers mois ». Il faut donc bien avoir reçu une ou plusieurs commandes pour s’exprimer. Dès lors, ces marchands peu scrupuleux utilisent les coordonnées de clients existants. Répété, ce mode opératoire permet de bénéficier d’une bonne réputation et d’un bon référencement sur la plateforme d’achat (être en tête de liste lors de recherches d’internautes), à moindre coût pour le vendeur (simplement l’envoi de ces produits de faible valeur).
Amazon assure veiller au grain, grâce notamment à l’analyse de plus de 10 millions de soumissions d’avis par semaine dans le monde, et le suivi des commentaires existants. À propos de la pratique du brushing en particulier, le site nous a précisé : « Nos systèmes de détection des avis sont construits pour détecter ce type de comportement, et nous poursuivrons nos efforts pour repérer et prévenir les abus. Jusqu’à présent, peu de commentaires ont été rédigés concernant ces envois. Nous les avons supprimés et nous continuerons à supprimer, immédiatement, tous ceux que nous trouverons. Nous tiendrons responsables les contrevenants qui ont violé nos politiques. »
Côté commerçants, le journal Le Monde a remonté la piste de deux vendeurs indiqués comme expéditeurs : Huangzuzhan et Elephant Kok Tong Village. Le premier a été « partiellement fermé » par Amazon, selon le quotidien.
Que faire si je reçois un sachet de graines ?
Si vous recevez un sachet de graines que vous n’avez pas commandé, cela signifie que vos noms et adresses ont été utilisés, et donc usurpés. Prévenez le site d’e-commerce expéditeur, afin qu’il puisse procéder à des recherches concernant le marchand. N’hésitez pas non plus à signaler un commentaire censé provenir de vous. Changez vos mots de passe d’accès à la plateforme. Enfin, il se peut qu’en plus de vos coordonnées postales, le vendeur ait récupéré d’autres informations, comme vos données bancaires. Prévenez alors votre banquier afin qu’il surveille tout mouvement suspect sur votre compte.
Marie Bourdellès