Williwaw Le très cher pari d’un ventilateur durable et silencieux
La société grenobloise Williwaw a développé un ventilateur très haut de gamme (799 €), dont la conception a suivi 3 objectifs : qu’il soit silencieux, durable et désirable. Pilotable par smartphone, relié à des capteurs de température, il est aussi utilisable l’hiver pour harmoniser la température d’une pièce. Un vrai pari dans un secteur où les innovations sont rares. Nous l’avons pris en main.
« Il est beau ce ventilateur, il vient d’où ? » Depuis son arrivée dans les locaux de Que Choisir – trop tard pour être intégré à notre test comparatif de ventilateurs – le Williwaw fait son petit effet avec un design d’inspiration scandinave et l’utilisation de matériaux de qualité : bois de hêtre et plastique en polycarbonate laqué. Enfin un ventilateur que l’on peut laisser dans une pièce sans gâcher sa décoration !
Le Williwaw se monte en 15 minutes environ. Il est ensuite pilotable avec un bouton central ou, pour plus d’options, son smartphone. Pour le prix, on aurait apprécié la présence d’une télécommande… Après le design, le second effet « waouh » apparaît au démarrage : ce ventilateur est vraiment silencieux, alors que le volume sonore est habituellement le gros point noir de ce type d’appareil. Les 4 modèles de table que nous avons testés ont, à la vitesse maximale, un niveau sonore de 52 à 58 dB(A), soit 55 dB(A) en moyenne. Certains proposent une option nuit ou silence (qui correspond tout simplement à la vitesse la plus faible) pouvant atteindre un niveau sonore aux alentours de 40 à 45 dB(A). Le Williwaw, lui, annonce un niveau sonore de 33 dB(A) en vitesse mini et 47 dB(A) en vitesse maxi. Nous n’avons pas pu confirmer ces chiffres lors de mesures en laboratoire, mais ce ventilateur est sans conteste le plus silencieux que nous ayons essayé. Un avantage né de son hélice : inspirée d’un réacteur d’avion, elle comporte 9 pales, au lieu des 3 habituellement utilisées par les ventilateurs. Le volume d’air brassé est donc supérieur et la vitesse nécessaire pour rafraîchir la pièce divisée d’autant.
Dans un secteur où, à part les ventilateurs sans pales de Dyson, les innovations sont rares, le ventilateur Williwaw propose des fonctionnalités intéressantes. Outre le pilotage depuis son application mobile (vitesse, oscillation, minuteur, réveil…), il dispose de deux capteurs de température déportés qui lui permettent de s’allumer ou s’éteindre aux températures désirées. Une option plus intéressante qu’un minuteur, notamment au moment du coucher. Enfin, le ventilateur peut se positionner à l’horizontale afin, en hiver, de faire redescendre la chaleur du chauffage. Une innovation inédite qui doit permettre des économies de chauffage.
TRÈS CHER… MAIS DURABLE
Le Williwaw a donc tout pour plaire, mais ne s’adresse pas à tous. Son prix est en effet extrêmement élevé : 799 €, soit le double d’un ventilateur Dyson, et 20 fois plus cher que les ventilateurs les moins chers de notre sélection. « C’est très élevé, j’en suis conscient », admet Stéphane Thirouin, son créateur, design industriel passé chez Legrand, Seb ou Devialet. C’est d’ailleurs chez Seb qu’il a développé le produit… retoqué par la marque à cause de son coût de production trop élevé. Il en récupéra les plans et les maquettes après avoir quitté l’entreprise pour se lancer en solo.
Ce coût élevé découle en partie des faibles quantités produites pour l’instant, mais aussi des choix de conception. « L’hélice, par exemple, est trois fois plus lourde que celle d’un ventilateur classique ; et le moteur n’a pas de balais, ce qui fait qu’il ne s’use pas mais qu’il est plus cher à produire », explique-t-il. L’appareil a aussi été conçu pour être durable et réparable. « Un bricoleur de base peut changer chacune des pièces avec un simple tournevis », explique le créateur. Toutes les pièces sont disponibles à prix coûtant et l’appareil est garanti 10 ans pour ses pièces mécaniques (2 ans pour l’électronique). Cela explique en partie le coût du ventilateur. « Puisque tout est réparable et démontable, au lieu d’être moulés en gros blocs, la fabrication de l’appareil représente déjà 60 € de main-d’œuvre », déclare-t-il en toute transparence. Et ce, bien qu’il soit fabriqué en Chine. Un point sur lequel il a été critiqué par certains acheteurs, persuadés que l’appareil était fabriqué en France – il y a seulement été développé. « Je n’ai pas eu le choix », justifie Stéphane Thirouin. « D’une part parce qu’il est tout simplement impossible de produire certaines pièces en France voire en Europe, mais aussi car le coût de fabrication aurait été beaucoup plus élevé. » Toutes taxes comprises, il estime qu’il n’aurait pas pu proposer un appareil « made in France » à moins de 1 600 €.
Morgan Bourven