Coronavirus Est-il efficace de désinfecter les rues ?
À Cannes, des agents municipaux suréquipés désinfectent les rues à coups de lances qui projettent de l’eau additionnée d’eau de Javel. Nice lui a emboîté le pas, tout comme Menton, Monaco et quelques autres communes, jusqu’en région parisienne.
Une véritable frénésie semble s’emparer subitement des maires et de leurs équipes, alors même que les rues de leurs communes sont quasi désertes, confinement oblige. C’est assez paradoxal !
À Que Choisir, nous avons donc cherché l’étude scientifique qui alerterait sur les risques de contamination via les surfaces urbaines, chaussées et trottoirs. En vain…
Nous avons également contacté des organismes en pointe dans la lutte contre le coronavirus. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) nous a répondu ne pas avoir d’éléments sur ce sujet, l’Institut Pasteur non plus, pas plus que les Agences régionales de santé.
La seule question qui vaille est : au vu des connaissances sur la transmission du coronavirus, quel pourrait être le risque des revêtements urbains ?
On sait que le coronavirus se transmet par projection de gouttelettes dues aux éternuements, à la toux, aux postillons, à la sueur… et par contact rapproché avec une personne porteuse du virus. On sait aussi que le virus peut subsister sur différents supports, plastique, carton, verre, avec un risque de contamination qui décroît au fil des heures, et encore faut-il les toucher sans se laver les mains ensuite pour courir un risque. Alors les rues et les trottoirs, on a beau chercher, à moins de se rouler par terre, difficile de courir un risque, sauf celui de rencontrer un porteur de virus. Les élus locaux invoquent « le principe de précaution », Que Choisir penche plutôt pour le besoin de masquer son impuissance par l’action.
S’il y a de la désinfection à faire à l’extérieur, c’est surtout celle des moyens de transports collectifs. Heureusement, il s’agit depuis peu d’une obligation réglementaire pour les opérateurs, au minimum une fois par jour. Et leur circulation vient d’être drastiquement limitée.
Élisabeth Chesnais