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Cagnottes coronavirus Comment éviter les arnaques

De nombreuses cagnottes ont été créées pour aider le personnel soignant et les hôpitaux pendant l’épidémie de Covid-19 provoquée par le coronavirus. Nos conseils pour donner en toute sécurité.

Cagnottes coronavirus Comment éviter les arnaques

Les cagnottes qui permettent aux internautes de faire des dons ou d’envoyer de l’argent font désormais partie du paysage. En temps normal, pour faire un cadeau à un proche ou organiser un événement. En temps de crise, pour faire preuve de solidarité.

Comme après l’incendie de Notre-Dame de Paris, en avril dernier, l’épidémie de Covid-19 s’est traduite par une flambée du nombre d’appels aux dons. Pour un hôpital, une équipe de soignants, une famille touchée par le virus… Ces appels aux dons circulent largement sur les réseaux sociaux et sont propices aux arnaques. Comment être sûr en effet que l’argent récolté ira bien au bénéficiaire désigné ?

« Toutes les cagnottes sont bien entendu vérifiées », nous a affirmé le site Le Pot solidaire (lié au Pot commun). Même confirmation auprès de Leetchi, qui nous a détaillé ses méthodes de contrôle (lire l’interview). Dans tous les cas, des règles de prudence s’imposent. Tout d’abord, privilégiez les sites reconnus (Leetchi, Le Pot commun, Helloasso, Gofundme…) qui disposent d’équipes de lutte antifraude. Certains sont immatriculés auprès de l’Orias (Organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance), organisme placé sous la tutelle de la direction générale du Trésor.

Avant de donner, vérifiez si le bénéficiaire et le créateur de la cagnotte sont bien identifiés, et si le descriptif de la cagnotte inspire confiance. Comme c’est le cas avec les courriers indésirables, des messages truffés de fautes d’orthographe ou de syntaxe doivent vous alerter. Enfin, vérifiez lors du paiement que la transaction est bien sécurisée : l’adresse du site, au moment de la transaction, doit débuter par « https ». Un petit cadenas s’affiche dans ce cas devant l’adresse. Enfin, contrôlez les frais prélevés par les plateformes de dons. Si Leetchi nous a confirmé la gratuité des transactions pour les cagnottes certifiées, ce n’est pas le cas de tous les sites.

Au-delà des sites de financement participatif, certains organismes ont lancé leur propre campagne de dons. C’est le cas de la Fondation de France, premier réseau de philanthropie en France, qui accepte les dons par internet (www.fondationdefrance.org) et par courrier pour répondre aux besoins des soignants, des chercheurs et des personnes fragiles. L’institut Pasteur, de son côté, a lancé un appel aux dons (www.pasteur.fr) pour développer un vaccin contre le coronavirus. Pour rappel, les dons à ces fondations permettent de bénéficier d’une déduction fiscale de 66 %, ce qui n’est pas le cas des dons à des plateformes participatives.

Plateformes de cagnotte Tarifs pratiqués en temps normal, hors exception éventuelle (coronavirus, incendie de Notre-Dame de Paris…)
Le Pot commun/Lakooz 4 % jusqu’à 2 000 €
2,9 % au-delà
Leetchi 4 % jusqu’à 2 000 €
2,9 % jusqu’à 200 000 €
1,9 % au-delà
Colleo/Erigo 3,5 % de chaque participation
Helloasso Pourboires libres. Contribution au moment du paiement. Difficulté d’en connaître le montant.
Gofundme Pas de frais de plateforme mais de transaction : 2,9 % + 0,25 €/don
Cotizup Frais de 1,9 % + 0,30 cts par transaction
Lyfpay Pas de frais
Cagnotte.me 1,9 % de commission
Onparticipe.fr 3,9 % par participation
Commission minimum par transaction : 0,70 €

Trois questions à Alix Poulet, présidente du site Leetchi.com

QC : Avez-vous constaté un afflux de cagnottes liées à l’épidémie de Covid-19 ?

Alix Poulet : Nous avons comptabilisé 4 200 cagnottes en lien avec Covid-19 (à la date du 20 mars, ndlr), et aucun cas de fraude. La grande majorité des cagnottes a pour but de venir en aide au personnel soignant, mais il y en a aussi qui sont créées pour soutenir des artisans ou commerçants dont l’activité est en péril, d’autres pour aider des personnes ou familles atteintes du Covid-19.

Comme après l’incendie de Notre-Dame de Paris, on remarque qu’il s’agit souvent de cagnottes de particuliers qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. La différence est que pour Notre-Dame, beaucoup avaient lancé une cagnotte sans savoir forcément à qui reverser les fonds : notre travail avait été, en plus de les contrôler, de les mettre en relation avec les organismes certifiés par le gouvernement. Cette fois, on remarque une plus grande variété d’initiatives, à l’échelle locale – il s’agit de cagnottes pour les soignants de tel ou tel hôpital – et nationale.

QC : Comment vérifiez-vous la bonne destination des fonds ?

Alix Poulet : Il s’agit du même processus qu’après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Toutes les cagnottes en lien avec Covid-19 sont identifiées puis contrôlées. Nous avons trois grands axes de contrôle. D’abord, des contrôles automatiques grâce à des outils sémantiques qui identifient les cagnottes concernées et analysent leur degré de risque. Sans divulguer nos secrets, il s’agit d’outils de scoring qui analysent plusieurs dizaines de critères : termes utilisés, descriptif, créateur de la cagnotte… Si la cagnotte est jugée suspecte, notre équipe de lutte contre la fraude – notre deuxième axe de contrôle – prend contact avec le créateur pour lui demander des pièces justificatives. Pièce d’identité, RIB de l’hôpital ou de l’association concernée, etc. Si le doute persiste, la cagnotte est fermée et les participants sont remboursés. Le troisième axe de contrôle est la communauté : un bouton de signalement est présent sur chaque cagnotte. S’il est utilisé, notre équipe de lutte contre la fraude intervient. Nous sommes immatriculés auprès du registre de l’Orias (Organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance) en tant qu’intermédiaire en financement participatif (IFP), cette activité de contrôle est donc l’une de nos obligations réglementaires.

QC : Facturez-vous des frais sur ces cagnottes ?

Alix Poulet : Nous nous engageons à ne pas prélever de frais pour les cagnottes certifiées destinées aux hôpitaux et aux personnels soignants. La liste de ces cagnottes sera publiée la semaine prochaine sur notre blog, et elles seront également signalées par un macaron vert.

Notre politique est, pour tous les cas exceptionnels, comme l’incendie de Notre-Dame ou cette épidémie, de ne pas prélever de commission.

Morgan Bourven – Raphaël Bartlomé