Black Friday Le mouvement de boycott prend de l’ampleur
Black Friday
Le mouvement de boycott prend de l’ampleur
Plusieurs centaines d’entreprises ont annoncé leur refus de participer au Black Friday, déplorant le coût social et environnemental de cette opération. Des annonces qui relèvent selon les cas d’un engagement sincère ou d’une habile stratégie marketing.
Affiches à tous les coins de rue, spots publicitaires incessants, sollicitations directes des clients… Impossible de l’ignorer : vendredi c’est Black Friday. La grande majorité des fabricants et distributeurs promettent pour ce jour-là des réductions exceptionnelles. Face à cette déferlante de promotions à la réalité parfois douteuse, certaines entreprises ont décidé de faire entendre une autre voix, annonçant qu’elles ne se joindraient pas à ce mouvement venu des États-Unis et qui, à leurs yeux, symbolise toutes les dérives du commerce actuel.
Ces centaines de structures, pour la plupart de taille modeste, agissent en ordre dispersé. Imaginé en 2017 par le réseau d’entreprises d’insertion Envie, le mouvement Green Friday regroupe aujourd’hui 400 structures. Pour en faire partie, trois conditions :
- s’abstenir de toute promotion vendredi ;
- reverser 10 % de son chiffre d’affaires du jour à une association parmi les quatre proposées (1) ;
- promouvoir la consommation responsable.
Les candidats doivent faire preuve d’un engagement réel en faveur d’un commerce plus durable (faible empreinte environnementale, made in France, commerce équitable, etc.). Pour éviter le greenwashing, l’adhésion de chacun est soumise au vote des membres fondateurs : outre Envie, il s’agit d’Altermundi et Dream Act, qui se présentent comme promouvant un commerce responsable, Éthiquable, acteur majeur du commerce équitable alimentaire, Emmaüs France et enfin Réseau francilien réemploi, qui réunit des ressourceries et recycleries. « Le Black Friday oriente le consommateur vers de fausses pistes en mettant l’éclairage non pas sur le produit, sa qualité, les besoins auxquels il répond, la façon dont il est fabriqué, les valeurs dont il est porteur mais uniquement sur son prix, souligne Jean-Paul Raillard, président de l’association Green Friday et d’Envie. Le coût environnemental et social de cette opération est considérable. »
La crainte du greenwashing
Moins engageante est l’adhésion au collectif Make Friday green again, qui revendique 600 marques. Il suffit de ne pas faire de promotions vendredi. « À la place, nous expliquerons pourquoi nous renonçons à en faire, nous en profiterons pour faire de la pédagogie sur le prix juste des produits et pour inciter à réparer, donner, revendre, recycler », explique Romain Teissedre, responsable de la communication de Faguo, marque de chaussures et vêtements affichant une production éthique et une compensation intégrale de ses émissions de CO2. À l’origine du mouvement, la petite entreprise semble un peu dépassée par le succès de son appel et Romain Teissedre admet qu’il ne peut « pas garantir que certaines marques ne feront pas du greenwashing ». La tentation peut en effet être grande pour certains de s’engager dans le collectif pour se refaire une vertu sociale et environnementale à peu de frais. Si certains membres sont sûrement sincères, à l’instar de Faguo, d’autres pourraient y adhérer pour des raisons moins avouables. D’abord, tout simplement, se faire connaître : depuis quelques jours, les communiqués de presse se succèdent qui annoncent le renoncement au Black Friday et émanent d’entreprises parfaitement inconnues. Pour celles dont la notoriété est moins confidentielle, afficher ce jour-là de bonnes intentions en faveur du développement durable, c’est aussi une manière de séduire les clients plus attirés par ce type de valeurs que par des prix sacrifiés. Et comme au passage on évite la baisse de marge due aux promotions et les contraintes logistiques qu’implique la livraison rapide d’une pléthore de commandes, on gagne sur tous les tableaux. On s’interroge aussi sur les ambiguïtés d’un des membres du collectif, Nature et Découvertes : annoncer pour vendredi toute une opération sur le thème des oiseaux dont… des promotions sur des produits « aidant à protéger les oiseaux » (des jumelles, entre autres…), c’est aussi inciter ses clients à visiter le site de la marque ou fréquenter ses magasins ce jour-là.
Un Black Friday bon ni pour la planète, ni pour le porte-monnaie
Une tentation de l’achat pas forcément utile à laquelle ne seront pas soumis les clients de la Camif. Pour la troisième année consécutive, le vépéciste désormais spécialisé dans l’équipement de la maison fermera purement et simplement son site vendredi. « Ce jour-là, tout le monde se ligue pour déconnecter le cerveau des gens et leur dire qu’il faut qu’ils achètent quoi qu’il arrive, déplore Emery Jacquillat, PDG de la société. Dans quelles conditions c’est fabriqué et transporté, d’où ça vient, on ne se pose plus ces questions parce que tout le monde vous dit qu’il y a urgence à acheter. » Un discours logique venant de cette entreprise qui, depuis sa reprise, affiche des engagements forts en termes de responsabilité sociale et environnementale : 73 % du chiffre d’affaires est réalisé avec des références made in France, de nombreux produits sont écoconçus, réparables 10 ans, etc. Peu de clients risquent de se détourner du fait de ce « Black-out Friday » : « L’an dernier, nous leur avons demandé leur avis sur cette fermeture, ils ont été 70 % à nous approuver. Ce sont des gens qui n’ont pas plus de moyens que les autres, mais qui font des arbitrages et dont la consommation est raisonnée. Ils savent bien que le Black Friday n’est bon ni pour l’emploi en France, ni pour la planète, ni pour leur porte-monnaie », poursuit Emery Jacquillat. Qui tient à faire la différence entre les soldes ou certaines promotions destinées à écouler les stocks et à faire tourner les collections au fil des saisons et cette journée choisie arbitrairement et sans qu’aucune réalité économique ne la justifie.
Ce n’est pas Élisabeth Borne qui le contredira. Interrogée lundi par BFM-Business, la ministre de la Transition écologique et solidaire a cité le chiffre édifiant de 1 million de colis livrés dans Paris au lendemain du Black Friday 2018. « On ne peut pas vouloir baisser les émissions de gaz à effet de serre et appeler à cette frénésie de consommation », a-t-elle conclu.
(1) Zero Waste France, Halte à l’obsolescence programmée, Éthique sur l’étiquette et Les amis de la terre.
Fabienne Maleysson
Black Friday 2019 Ce ne sera pas mieux qu’en 2018
Black Friday 2019
Ce ne sera pas mieux qu’en 2018
En seulement 5 ans, les commerçants français ont réussi à imposer le Black Friday comme l’un des principaux événements promotionnels de l’année. Mais cette opération commerciale poussée à grands renforts de publicité est-elle vraiment synonyme de bonnes affaires ? Notre étude exclusive des prix pratiqués lors de l’édition 2018 révèle que si des rabais sont au rendez-vous, ils sont loin d’être aussi importants et aussi nombreux que les marchands veulent bien le faire croire.
Ce vendredi 29 novembre 2019 a lieu la 6e édition du Black Friday à la française. Et comme l’année dernière, les commerçants espèrent bien profiter de ce jour spécial pour faire chauffer les cartes bleues des Français. Que ce soit grâce à de la publicité, par le biais de mailings ou à coup de SMS, les principales enseignes n’ont pas lésiné sur les moyens pour transformer ce jour banal en un événement synonyme de bonne affaire assurée. Doit-on les croire ? Faut-il vraiment acheter le jour du Black Friday pour être certain de bénéficier du meilleur prix possible ? Pour le savoir, l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir s’est penché sur les prix de 20 types de produits avant et pendant le Black Friday 2018. Pour chacune de ces catégories, nous avons calculé la part d’articles ayant fait l’objet d’un rabais ainsi que l’ampleur réelle des remises. Nous nous sommes pour cela appuyés sur le prix le plus bas appliqué par le marchand dans les 28 jours précédant l’événement et sur celui affiché le jour du Black Friday, le 23 novembre 2018.
Au final, deux constats s’imposent. Tout d’abord, la part de produits faisant l’objet d’une vraie promotion à l’occasion du Black Friday est faible : seulement 8,3 % des 31 603 produits suivis ont vu leur prix réellement baisser. Ensuite, l’ampleur des ristournes est plus que limitée : tous rabais confondus, les prix n’ont baissé que de 7,5 % en moyenne, soit très loin des 50, 60 voire 70 % de réduction mis en avant par les marchands. Certains types de produits sont néanmoins un peu mieux lotis que d’autres.
High-tech : la part belle aux produits les moins en vue
De tous les produits numériques, c’est du côté des tablettes tactiles que l’on avait le plus de chances de faire des affaires lors du Black Friday 2018. 35 % des 1 067 modèles vendus faisaient l’objet d’une promotion. Avec 12 % des références en promotion, les appareils photo arrivaient en deuxième position. À croire que les commerçants cherchaient à booster les ventes de ces produits dont l’attrait tend à se réduire depuis quelques années. Mais les remises réelles pratiquées sur ces deux catégories étaient limitées : 10 % en moyenne pour les tablettes et 5 % pour les appareils photo. Sur les produits plus en vue, tels que les téléviseurs, les smartphones ou les ordinateurs, les rabais étaient plus rares et souvent moins importants. Nous avons néanmoins déniché quelques belles promotions, comme une enceinte nomade à -53 %, un casque audio à moitié prix et une tablette avec 47 % de réduction. Encore fallait-il avoir la chance de tomber dessus.
Gros électroménager : une pêche aux bonnes affaires compliquée
Les résultats de nos relevés sur les réfrigérateurs ont jeté un froid ! Et pour cause, sur les 7 % de références qui ont vu leur prix baisser à l’occasion du Black Friday 2018, la remise moyenne n’était que de 4 %. Quant à la promotion la plus importante que nous avons repérée, elle plafonnait glorieusement à 30 % ! Sur ce dernier aspect, seuls les sèche-linge faisaient pire : 15 % pour le plus gros rabais. Inutile non plus de s’attendre à des miracles sur les fours. Seuls 5 % faisaient l’objet d’une promotion.
Petit électroménager : petite taille, petite promo
Sur le petit électroménager non plus les marchands ne sont pas très généreux. Entre 5 et 7 % seulement de ces produits ont vu leurs prix vraiment baisser lors du Black Friday 2018. Mis à part une centrale vapeur à quasiment moitié prix (-46 %), les remises n’ont jamais dépassé les 30 % (entre 26 % et 28 % selon les catégories). Et encore, il ne s’agissait là que de rabais maximums. La majorité des ristournes étaient bien plus faibles, à tel point qu’aucune des catégories regardées n’a dépassé les 9 % de rabais en moyenne.
Conclusion
L’étude de l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir montre que le Black Friday 2018 est loin d’avoir apporté la vague de promotions et d’affaires « exceptionnelles » que nous promettaient les marchands et que, pour attirer les clients, les enseignes comptent plus sur la communication et le marketing que sur les vrais rabais. Elles auraient tort de se priver : la législation sur les prix de référence est tellement souple qu’elles ont la possibilité de jouer quasiment comme bon leur semble sur les prix de référence pour afficher des rabais les plus élevés possibles. Et il n’y a aucune raison pour que l’édition 2019 échappe à cette règle. La situation pourrait néanmoins évoluer à plus long terme. Une directive européenne visant à mieux encadrer les prix de référence vient en effet d’être adoptée. Poussée par les associations de consommateurs dont l’UFC-Que Choisir, elle devrait entrer en vigueur d’ici deux ans.
Location de smartphone, Free mobile condamné pour des frais injustifiés
Le tribunal a estimé que, faute de pouvoir apporter la preuve du mauvais état du téléphone, Free mobile n’aurait jamais dû prélever d’argent sur le compte bancaire de Jean-Loup. Il a condamné l’opérateur à rembourser les 200 € pris abusivement et à verser à la victime 200 € supplémentaires au titre des frais de justice engagés. Free a porté l’affaire en cassation. Ce recours vise moins à récupérer les 400 € versés qu’à éviter que cette décision ne fasse jurisprudence. Et pour cause, de très nombreux abonnés Free mobile ayant eu recours au service de location de mobile de l’opérateur se plaignent d’avoir subi le même sort que Jean-Loup. C’est d’ailleurs sur la base de ce constat que l’UFC-Que Choisir a lancé en mars dernier une action de groupe contre Free mobile. La procédure est en cours devant le tribunal et aboutira au mieux dans quelques mois. Son objectif est clair : que toutes les victimes soient remboursées. Ce jugement souligne que nous sommes sur la bonne voie !
Article rédigé par Cyril Brosset
Nintendo Switch : Stop à l’obsolescence des manettes !
L’UFC-Que Choisir alerte sur les pannes récurrentes des manettes « Joy-Cons » de la console de jeux Nintendo Switch, qu’elle qualifie d’obsolescence programmée. L’association met donc en demeure la marque de réparer gratuitement ses produits.
Alors que s’ouvre la période des achats de Noël, la Nintendo Switch et sa version Lite sont des produits qui risquent de se retrouver sous le sapin… Mais, sur la base de remontées concordantes, l’UFC-Que Choisir se doit d’informer les consommateurs que les manettes « Joy-Cons » souffrent de défauts de fonctionnement récurrents. Plusieurs témoignages ont porté à notre attention une grosse défaillance du joystick directionnel. Ces pannes apparaissent quelques mois après l’achat, quel que soit le profil du joueur (âge, fréquence d’utilisation, etc.).
Mario ne répond plus, mais NINTENDO n’assume pas !
Le cycle de vie réduit de ces manettes est d’autant plus inquiétant que ces pannes font rarement l’objet d’une réparation ou d’un échange gratuit par la marque une fois la garantie-constructeur dépassée. En effet, lorsque le consommateur renvoie à Nintendo son « Joy-Con » défectueux, le fabricant lui propose son remplacement par une nouvelle manette moyennant 45 €. Le joueur a alors le choix entre trois options :
-
Accepter cette proposition,
-
Se faire renvoyer sa manette défectueuse moyennant 15 €,
-
Ou laisser Nintendo détruire son produit.
Nintendo ne semble pas favoriser la réparation de sa manette. De plus, la marque ne peut ignorer le défaut de fabrication de ses « Joy-Cons » compte tenu de la récurrence de cette panne. Elle ne semble pas vouloir mettre en œuvre de solution technique car il apparaît que certains modèles de Switch Lite souffrent déjà de cette panne, alors que la console n’a été lancée qu’en septembre 2019.
L’UFC-Que Choisir considère que ces pratiques, visant à réduire délibérément la durée de vie du produit pour en augmenter le taux de remplacement, relèvent de l’obsolescence programmée.
L’UFC-Que Choisir met donc en demeure formellement Nintendo de réparer gratuitement les manettes « Joy-Cons » et les Nintendo Switch Lite présentant ce défaut dans les meilleurs délais. A défaut, l’association ne manquera pas d’agir en justice.
L’association invite les consommateurs victimes de ce défaut à compléter l’appel à témoignage afin de nous faire part de leur expérience sur cette panne et de l’éventuelle prise en charge proposée par Nintendo.