Produits de première nécessité Des prix toujours en hausse, surtout pour les fruits et légumes
Durant la cinquième semaine de confinement (du 13 au 18 avril), les principaux produits de première nécessité (pâtes, riz, eau, conserves, lait, papier toilette, mouchoirs, etc.) ont de nouveau fait l’objet de relevés de prix sur les drives des principales enseignes. Comme nous l’expliquions, les prix de chaque produit considéré individuellement ont en moyenne peu augmenté par rapport aux semaines précédant le confinement. Mais la pénurie touchant avant tout les références les moins chères d’un produit, les clients sont contraints de se reporter sur les gammes plus onéreuses. Les produits proposés en drives voient leur prix augmenter de 2,70 % par rapport aux semaines précédant le confinement et la crise liée au coronavirus.

Les ruptures de stock semblent néanmoins se résorber sur certains produits emblématiques. Ainsi, l’offre en pâtes retrouve même un volume supérieur à l’avant-confinement (+4 % du nombre de références en drive pour la semaine du 13 au 18 avril, par rapport à la semaine du 2 au 6 mars), de même que le papier toilette (lire l’encadré) et les produits bébé (+16 %). Le riz, le lait, l’eau en bouteille ou les mouchoirs réduisent leur déficit d’offre. Néanmoins, la pénurie reste marquée pour le pain de mie (recul de 44 % du nombre de références) les gels hydroalcooliques (-66 %), et elle s’accentue même pour les lingettes pour la maison (-73 %), les savons (-53 %) ou encore la farine (-45 %).

Fruits et légumes : toujours aussi chers
Concernant les fruits et légumes (17 catégories relevées), la hausse des prix s’accentue pour les produits conventionnels (+8 % en semaine cinq par rapport à l’avant-confinement), et se maintient à +12 % en bio. Les fruits ont vu leurs étiquettes augmenter de 9 % en moyenne, et les légumes de 12 %. Ces tarifs sont tirés à la hausse pour plusieurs raisons : des difficultés logistiques et de main-d’œuvre persistantes, un report sur des produits français plus onéreux que les produits importés, etc.

Les offres en navet et en tomate grappe bio (importée) restent en recul, tandis que leurs prix demeurent fortement en hausse. Pour la tomate, l’offre s’accroît, mais le prix est aussi en hausse, tiré par une forte demande. Pour ce qui est des fruits, tous les tarifs augmentent, que les volumes s’accroissent ou pas. C’est en particulier le cas de la pomme golden (avec une offre à +37 % et un prix à +10 %), un fruit très consommé par les Français et qui présente l’avantage de se conserver longtemps.


Lingettes : le paquet rétrécit, mais pas le prix !
Les lingettes pour la maison deviendraient-elles un produit de luxe ? Leur prix unitaire s’est envolé grâce au coronavirus – et surtout grâce à la taille du paquet. En effet, les conditionnements disponibles à la vente sont surtout des lots de 15 lingettes, à raison de 0,25 € la lingette. En parallèle, les trois quarts des lots de 40 lingettes ou plus ont disparu. Dommage : le prix à l’unité n’est que de 0,04 € pour ce conditionnement, soit 8 fois moins que les paquets de 15 !
À l’inverse, au vu de la frénésie d’achat de papier toilette, les fabricants ont doublé l’offre en lot de 50 rouleaux, à raison de 0,04 € le rouleau – soit 10 fois moins cher que les autres conditionnements. Les lots de 6 rouleaux ou moins (à raison de 0,40 € par rouleau), en revanche, voient leur offre divisée par deux.

Elsa Casalegno
Grégory Caret
Observatoire de la consommation
Achat de voiture neuve Les constructeurs misent sur l’achat à distance
L’écroulement du marché automobile en cette période de confinement pousse les constructeurs à proposer la vente de voiture en ligne et la livraison à domicile. Mais attention aux modes de financement proposés.
Citroën, DS Automobiles, Ford, Peugeot ou Volvo ont récemment pris le taureau par les cornes pour essayer d’endiguer la chute vertigineuse des ventes de voitures particulières en raison de l’épidémie de Covid-19 (-72,2 % pour le mois de mars (1)) en adaptant leurs méthodes de vente : de la réservation à la livraison en passant par le paiement, tout est réalisé en adéquation avec les mesures sanitaires.
Distanciation sociale et hygiène renforcée

Ainsi, en accord avec les mesures de distanciation sociale à respecter, des systèmes de livraison à domicile visant à limiter les contacts sont peu à peu mis en place, accompagnés de mesures d’hygiène renforcées : les véhicules sont désinfectés, équipés de housses de protection (sièges, volant, levier de vitesses) et de tapis de sol. Le livreur, généralement un vendeur de la concession, porte des gants et un masque. Pour la remise des clefs (elles aussi désinfectées) et les explications techniques, tout est fait en respectant la distanciation sociale.
Citroën, qui propose ce service gratuitement (pour l’instant jusqu’au 30 avril), avance 36 points de contrôles sanitaires lors de la livraison. Tesla pratique déjà régulièrement ce type de livraison grâce à la possibilité de gérer la voiture à distance depuis son smartphone (ouverture des portes, démarrage…). Une solution également adoptée par Ford grâce aux fonctionnalités Ford Pass (2).
Achat en ligne
PSA a été un des premiers constructeurs à annoncer la mise en place d’un service de vente dématérialisée avec ses marques historiques (Opel n’est pas encore concerné) via les sites de Citroën Store, DS Store et Peugeot Store. Il est possible de choisir sa voiture parmi une très large sélection de modèles que l’on commande auprès d’un concessionnaire en versant un acompte de 1 000 €. Le règlement final se fait par virement bancaire selon les instructions du concessionnaire. Pour le constructeur, la mécanique est déjà bien rodée puisque, comme le souligne Thierry Koskas, directeur ventes et marketing du groupe PSA, « ce nouveau mode d’acquisition de nos véhicules a été testé et validé par nos salariés et aujourd’hui, 89 % des ventes du groupe aux salariés, qui connaissent bien les modèles des trois gammes, sont d’ores et déjà effectuées directement en ligne ». Le site de Citroën met en avant, pour une voiture neuve achetée en stock, une garantie prolongée de 12 mois (soit 36 mois) et décale la première mensualité de 2 mois en cas d’achat à crédit.
Ford permet de choisir parmi plus de 11 000 véhicules de l’ensemble de la gamme actuellement en stock (à l’exception de certaines finitions d’entrée de gamme, de la gamme Transit et de la Mustang) et de se faire livrer à domicile.
De son côté, Toyota limite son offre en ligne à la réservation d’une nouvelle Yaris Hybride, en finition Première, pour une livraison en septembre 2020 (la version ultra-sportive GR Yaris, livrable fin 2020, peut aussi être réservée). Il suffit de créer un compte sur le site, de choisir un concessionnaire puis de régler 500 € de frais de réservation, en sus du prix d’achat de 25 450 € (à partir de 35 500 € pour la GR Yaris). L’intérêt est, ici, très limité pour le consommateur.
Dernier arrivé dans le secteur, Volvo propose son nouveau concept « Volvo vient à vous » qui permet à la clientèle des pays européens actuellement confinés (3) de rechercher et de choisir facilement une voiture neuve en ligne. L’offre est réservée aux trois modèles les plus vendus dans chaque pays. Ainsi, pour la France, sont concernés uniquement les SUV XC40, XC60 et XC90. Une fois le modèle sélectionné, il faut finaliser la commande avec le concessionnaire choisi, en validant les options, services ou équipements complémentaires souhaités. La livraison, à condition que le concessionnaire propose cette option, sera ensuite réalisée à domicile.
Attention au financement
Mais attention, si PSA propose l’achat comptant ou en LOA (location avec option d’achat), ce n’est pas toujours le cas des autres constructeurs. Volvo précise que le choix ne s’effectue que « parmi une sélection de nouveaux modèles aux loyers prénégociés ». Il ne s’agit ici pas d’un achat mais d’une location LLD (location longue durée). Volvo ne demande toutefois aucun apport et offre l’entretien et la garantie sur la période des 3 ans (donc 1 an de plus que la période légale). Ainsi, un XC40 T2 Business Geartronic 8 est disponible à la location à partir de 485 €/mois (36 loyers) pour un kilométrage de 30 000 km, soit un maximum de 10 000 km par an.
De son côté, Ford ne propose qu’une offre de crédit avec comme argument marketing « 6 mois de tranquillité » (les 3 premières mensualités sont offertes auxquelles s’ajoutent 3 autres mensualités différées). Il s’agit bien ici d’un crédit, sur 12 à 36 mois, avec un TAEG (taux annuel effectif global) fixe de 3,9 % avec un apport initial de 2 000 €. Ainsi, pour 10 000 € empruntés sur 36 mois, le coût final sera de 653,06 € (3 mensualités offertes suivies de 33 échéances de 322,82 €, soit 10 653,06 €).
Il convient donc de prendre son temps pour choisir le modèle de voiture souhaité et de bien détailler les conditions de paiement. En cas de doute, il est toujours possible de prendre contact par téléphone ou visioconférence avec un vendeur avant de finaliser la commande.
Pour l’occasion aussi
La vente de voiture en ligne est également bien connue de certains spécialistes de l’occasion. C’est le cas d’Aramis Auto qui propose ce service pour 228 €, soit 50 € de plus que la livraison dans une agence. De son côté, Elite-auto.fr facture 177 € la livraison à domicile.
(1) Source CCFA, Comité des constructeurs français d’automobiles.
(2) L’application Ford Pass permet, après avoir connecté son smartphone à un véhicule Ford, de déverrouiller/verrouiller le véhicule à distance pour un essai, une livraison, une restitution ou pour l’entretien.
(3) Le concept « Volvo vient à vous » est initialement disponible dans les pays suivants : Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas et Belgique.
Yves Martin
Covid-19 – Alerte sur les sprays aux huiles essentielles
Les sprays et diffuseurs aux huiles essentielles sont de plus en plus utilisés depuis le début de l’épidémie, des pharmacies en font même la promotion. À tort. Inefficaces contre le coronavirus, ils présentent en revanche de vrais risques.

À la suite des cas d’intoxication qui remontent dans les centres antipoison, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) lance l’alerte sur les sprays et diffuseurs d’huiles essentielles. Les effets indésirables se produisent même en conditions normales d’utilisation, qu’il s’agisse d’irritations des yeux, de la gorge, du nez, de symptômes de toux et de difficultés respiratoires.
Sans compter que ces produits « émettent des composés organiques volatils qui constituent une source de pollution de l’air intérieur », ajoute l’Agence de sécurité sanitaire.
Ce n’est pas une surprise pour Que Choisir, loin de là. Nos différents tests d’émissions de polluants effectués sur les sprays assainissants ou purifiants aux huiles essentielles réalisés en 2014 nous ont en effet conduit à les déconseiller vivement.
Nos résultats prouvent qu’ils contribuent fortement à la pollution de l’air intérieur en émettant des terpènes irritants à des concentrations élevées, notamment du linalool et du limonène, qui ont de plus la fâcheuse particularité de réagir avec l’ozone présent dans l’air pour former du formaldéhyde, cancérogène par inhalation. Leur origine naturelle, tant vantée par les fabricants d’huiles essentielles, ne modère en rien leurs effets sur la santé.
Les utiliser en ces temps d’épidémie est d’autant plus absurde qu’ils n’ont aucune utilité contre le coronavirus. Face à l’augmentation des intoxications, l’Anses a rappelé début avril que les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte. S’administrer des huiles essentielles par voie orale pour « renforcer les défenses naturelles » et « lutter contre le coronavirus », pulvériser des huiles essentielles pour « assainir un espace clos », sont autant de pratiques inutiles et à risques.
Élisabeth Chesnai
Déconfinement : en avant, masques !
À deux semaines du début du déconfinement, le gouvernement promet des masques « grand public ». Disponibilité, tarifs, lieux d’achat, types de masques disponibles… Décryptage.
La question ne fait plus débat. Le 11 mai, quand le déconfinement commencera, il vaudra mieux, pour éviter un rebond trop fort de l’épidémie de Covid-19, porter un masque. Surtout dans les transports en commun ou dans les grandes surfaces, où la distanciation sociale est difficile à respecter. Encore faudra-t-il pouvoir s’en procurer. Lors d’un point presse lundi, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, s’est montrée rassurante. Dans les semaines à venir, des millions de masques « grand public » seront disponibles à l’achat, dans les pharmacies et bureaux de tabac dans un premier temps. Les intentions de la grande distribution sont attendues.
Les masques « grand public » sont différents des masques chirurgicaux et FFP2, réservés aux personnels soignants. Faits de tissu, lavables donc réutilisables, ils sont élaborés et testés selon les standards de filtration et de respirabilité établis par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il y en aura de deux sortes :

- Les masques affichant une capacité de filtration de 90 % sont destinés à celles et ceux qui, comme les personnels d’accueil par exemple, sont au contact du public toute la journée. Sans doute sont-ils aussi les plus adaptés aux usagers des transports en commun.
- Les masques 70 % concernent plutôt les situations de travail sans contact extérieur, en dehors des collègues habituels.
Le prix
Un logo identifiera les masques conformes aux exigences officielles, et précisera le nombre de lavages possibles. Chaque masque sera livré avec une notice d’utilisation et des instructions de nettoyage qu’il faudra suivre à la lettre, sans quoi le masque a toutes les chances de n’être d’aucune utilité.
La secrétaire d’État n’a pas caché que le prix était une inconnue de taille. « Il y aura des écarts sensibles, d’abord en raison du nombre de lavages possibles : un masque lavable 20 fois sera plus coûteux qu’un masque lavable 5 fois. La matière première, le temps de confection, le conditionnement et la logistique auront un impact aussi sur le prix. » L’éventuelle gratuité, pour les jeunes notamment, sera précisée par le plan gouvernemental de sortie de confinement.
La distribution
Assurer l’équipement de chaque personne est également un enjeu majeur. Il n’y aura pas de distribution prioritaire dans les régions les plus touchées par l’épidémie. Faut-il limiter l’achat à quelques masques par personne, pour éviter le phénomène de surstockage tel qu’il s’est produit avec le riz et les pâtes en début de confinement ? Difficile à mettre en œuvre… Le gouvernement compte sur la mobilisation des collectivités locales, dont plusieurs ont annoncé fournir des masques à leurs administrés, pour désamorcer toute ruée sur les masques : « L’équipement ne reposera pas sur les seules personnes, mais aussi sur d’autres acteurs », a précisé Agnès Pannier-Runacher. Les employeurs auront aussi un rôle à jouer, puisqu’il entre dans leurs obligations d’assurer la protection des travailleurs dans leur mission, en fonction des besoins.
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Anne-Sophie Stamane
Covid-19 Les enfants sont-ils si contagieux ?
Moins souvent, moins durement et moins longtemps touchés que les adultes par le Covid-19, les enfants seraient également moins impliqués dans la chaîne de transmission du virus. Décryptage et explications à quelques semaines de la réouverture annoncée des écoles.
À quel point les enfants sont-ils touchés par le Covid-19 et à quel point le transmettent-ils ? Ces deux questions sont indissociables et centrales dans la perspective du 11 mai et de la réouverture, progressive et partielle, des établissements scolaires.
Moins fréquent

En cette fin avril, deux décès sont à déplorer chez des enfants atteints du Covid-19. Cela témoigne du caractère rarissime de l’événement. Il est désormais assez bien établi que cette épidémie d’un nouveau genre épargne les plus jeunes. Les enfants sont moins fréquemment atteints que les adultes. En France, ils ne représentent que 1 % environ des malades alors qu’ils comptent pour plus de 20 % de la population. À l’étranger, le constat est similaire. En Islande, où des tests diagnostiques ont été menés en population générale, aucun cas n’a été détecté chez les moins de 10 ans contre 0,8 % des personnes plus âgées. Dans les groupes à risque (retour de zone à risque, contact avec personne malade, etc.), l’incidence était moitié moindre chez les moins de 10 ans (6,7 %) par rapport aux adolescents et adultes (13,7 %).
Moins méchant
Moins fréquent donc, le Covid-19 est également moins grave chez les enfants atteints. Les symptômes sont généralement plus légers que chez les adultes. Une étude menée en Chine sur plus de 2 000 patients pédiatriques montre que 90 % des cas sont bénins : des formes légères (infection respiratoire haute, fièvre), modérées (toux, pneumonie mais pas de difficultés à respirer) voire asymptomatiques. Le bulletin du 24 avril 2020 de Santé publique France (pour la semaine précédente) montre que, chez les personnes hospitalisées, 0,4 % ont moins de 15 ans et c’est encore moins en réanimation. Moins lourdement atteints, les enfants sont aussi moins longtemps malades : ils se « débarrassent » plus vite de SARS-Cov-2 (le virus qui entraîne le Covid-19) que leurs parents ou grands-parents. Ils sont donc moins longtemps contagieux.
Moins bruyant
Depuis le début de l’épidémie, il apparaît qu’une proportion importante des enfants touchés présente des symptômes très ténus (ils sont dits paucisymptomatiques) ou ne présentent pas de symptômes du tout (asymptomatiques ou porteurs sains). Pour l’heure, cette proportion est mal établie, mais on peut avancer une estimation de l’ordre 30 à 50 %, voire plus.
Lors de tests diagnostiques systématiques dans des familles atteintes, 28 % des enfants positifs étaient asymptomatiques : les tests montraient bien qu’ils étaient malades mais ils n’en présentaient aucun signe notable (fièvre, toux, perte de goût ou d’odorat…). Dans une étude menée en Islande, c’était 50 % des malades (adultes et enfants) qui ne présentaient pas de symptômes. Enfin, le petit village italien de Vo’Euganeo offre un éclairage similaire. Ses quelque 3 000 habitants ont été rapidement isolés après la survenue du premier décès du Covid-19. Des tests menés à grande échelle ont montré qu’environ la moitié des malades n’avaient pas présenté de signes de la maladie.
Forme sournoise ou forme anodine ?
L’importante proportion de malades asymptomatiques est une donnée cruciale dans le débat sur la contagiosité des enfants. En effet, on peut en interpréter les conséquences de deux façons. La première, c’est considérer que ces enfants malades mais sans symptômes participent activement et silencieusement à la propagation de l’épidémie. Puisqu’on ne les voit pas malades, on ne les sait pas malades, ils restent à l’école et de ce fait, ils contamineraient sans le savoir un grand nombre de personnes. Une seconde façon de voir les choses est en train d’émerger : elle considère que l’absence de symptômes s’accompagne plutôt d’une faible contagiosité. Il existe en effet des arguments pour penser que les personnes les plus gravement malades sont les plus contagieuses. C’est le cas par exemple des grippes. Ces patients toussent plus (et donc diffusent plus le virus), leurs excrétions sont plus chargées en virus et ce, sur une plus longue période.
Une contagiosité sans doute moindre
Si rien n’est définitivement établi à propos de la contagiosité des enfants, la tonalité a franchement changé. Au début de l’épidémie, un rôle majeur leur était attribué dans la propagation de l’épidémie. Leur réputation de réservoirs à microbes se fondait alors sur ce que l’on observe en cas d’autres infections, de la grippe en particulier. Mais le Covid-19 n’est pas une grippe. De plus en plus d’experts considèrent désormais que la participation des enfants dans la chaîne de transmission du virus est moindre que celle envisagée initialement et moindre que celle des adultes.
Un cas frappant est donné par cet enfant de 9 ans, contaminé dans un cluster (foyer de contamination) de Haute-Savoie. Les chercheurs ont remonté la piste de tous ses contacts : aucune, parmi les 172 personnes qu’il a croisées, dans non moins de trois écoles différentes et une de ski, n’a déclaré de Covid-19. Sa fratrie a également été épargnée. En revanche, cet enfant comme sa fratrie ont été infectés par plusieurs autres virus, dont celui de la grippe.
Ce cas n’est pas suffisant pour conclure mais rejoint un faisceau d’arguments en faveur d’une moindre contagiosité des enfants. L’Académie de médecine note qu’« en Chine, la plupart des cas pédiatriques ont succédé à une contamination par l’entourage adulte ». La transmission se ferait donc plus volontiers des parents vers les enfants que la réciproque. D’ailleurs aucun cas-index (point de départ d’une chaîne de transmission) n’est un enfant, souligne le Dr Claudina Michal-Teitelbaum, médecin en PMI et chercheuse indépendante. En dépit de leur notoriété de bouillons de culture, aucune crèche ou aucune école n’a été le lieu d’une épidémie en France, ni aucun collège ou aucune université.
Seule exception : dans l’Oise, un des tout premiers clusters a toutefois touché un lycée début 2020. Une étude parue récemment a analysé ce qu’il s’y est passé et a établi, sur la base de tests sérologiques, un taux d’infection de 25,9 %. Ce taux est « relativement bas », jugent les auteurs qui soulignent qu’à cette époque aucune mesure n’avait été mise en place et que le virus circulait donc allègrement. Il est intéressant de noter que ce taux s’élevait à 41 % au sein du lycée (élèves, enseignants et autres personnels) mais à 11 % seulement chez les proches des lycéens (parents, frères et sœurs). Il ressort de ces chiffres que les lycéens ont assez peu rapporté le virus à la maison. Et ce, alors que les adolescents sont les plus touchés dans la population pédiatrique (voir encadré).
Ces données permettent donc de revoir franchement à la baisse le rôle des enfants dans la chaîne de transmission du Covid-19. Elles ne les exemptent pas pour autant. Dans sa note du 24 avril sur la réouverture des écoles, le conseil scientifique Covid-19 rappelle que les règles de distanciation sociale et les mesures barrières, le lavage des mains en particulier, devront être respectées et… enseignées !
Pourquoi les enfants sont-ils moins malades ?
Que les enfants réagissent différemment des adultes à un virus n’est pas inédit. La varicelle par exemple, extrêmement contagieuse, est relativement bégnine chez les petits alors que les adultes touchés peuvent être gravement atteints. Pour expliquer la relative résistance des enfants à SARS-Cov-2 (le virus qui entraîne le Covid-19), différentes pistes d’explications sont avancées. Certains de leurs récepteurs (dits ACE2), qui servent de porte d’entrée au virus, seraient moins matures, ce qui ferait barrière contre les virus. Cela reste très hypothétique. Plus probables sont les pistes immunitaires. Le système de défense contre les agents pathogènes des enfants étant encore en formation, il réagit sans doute différemment. Il se peut qu’il ne provoque pas l’orage inflammatoire responsable des complications sévères voire mortelles chez les adultes. Moins spécialisé que celui des adultes, leur système immunitaire serait aussi plus polyvalent, donc capable d’affronter un virus inconnu. Enfin, les petits sont plus fréquemment exposés et touchés par des virus respiratoires comme ceux du rhume. Ceci pourrait leur conférer une forme de protection contre SARS-Cov-2, qui leur est apparenté.
Des ados bien plus touchés que les moins de 10 ans
Au sein de la population des moins de 18 ans, des nuances sont à faire entre les enfants. La moindre gravité des symptômes est d’autant plus marquée qu’ils sont petits. Les chiffres du Centre américain des maladies (CDC) montrent une inégale répartition : près du tiers des cas pédiatriques recensés surviennent chez les 15-17 ans (32 %), suivis par les 10-14 ans (27 %). Ces taux sont quasi divisés par deux chez les plus jeunes : 15 % chez les 5-9 ans et 11 % chez les 1-4 ans. Chez les bébés (moins de 1 an), la situation est particulière. Ils représentent 11 % des cas. C’est une population fragile en raison de leur très jeune âge comme le sont, à l’autre bout du spectre, les personnes âgées.
Perrine Vennetier
Coronavirus – Vols annulés L’UFC-Que Choisir met en demeure 57 compagnies aériennes
Après que certaines compagnies ont fait exploser le prix des billets des Français bloqués à l’étranger au début de la crise, nombre d’entre elles entendent aujourd’hui renier le droit à remboursement des millions de passagers aux vols annulés en leur imposant un bon d’achat. Après avoir fait le constat que près de 80 % des principales compagnies aériennes analysées ne respectent pas la réglementation, l’UFC-Que Choisir met aujourd’hui en demeure 57 d’entre elles de respecter le droit de leurs clients.
La majorité des compagnies aériennes bafouent la réglementation
Après l’annulation en série des vols aériens suite à la crise du Covid-19, les compagnies, après avoir vainement tenté un lobbying pour faire changer la réglementation, mènent aujourd’hui une campagne de désinformation portant sur les modalités de remboursement des consommateurs. Près de 80 % des principales compagnies analysées sont ainsi hors la loi en niant le droit à remboursement des passagers et en imposant un avoir.
Alertée par des milliers de consommateurs qui ne souhaitent pas être contraints d’accepter un avoir qui ne les satisfaits pas, l’UFC-Que Choisir a analysé les modalités de remboursement de 76 compagnies aériennes qui représentent près de 80 % du trafic aérien annuel(1) de passagers. Seulement 23 % d’entre elles respectent leurs obligations et proposent le remboursement immédiat des billets annulés aux passagers. Toutes les autres compagnies, soit 57 imposent en toute illégalité un avoir à validité variable, retardent le remboursement ou appliquent des frais de modification.
La réglementation européenne est pourtant claire : en cas d’annulation de vols, la compagnie aérienne est tenue de proposer en premier choix au consommateur le remboursement du billet, dans un délai de 7 jours, au prix auquel il a été acheté.
Comme l’a rappelé la Commission européenne dans sa communication du 18/03/2020 sur le sujet : « si les compagnies proposent un bon, cette offre ne peut pas affecter le droit du passager d’opter plutôt pour un remboursement » : les compagnies ne peuvent donc pas forcer les consommateurs à accepter un bon.
L’association UFC-Que Choisir n’est pas opposée à ce que des avoirs soient proposés aux voyageurs, et appellent ces derniers à examiner avec bienveillance l’opportunité d’un report ou d’un avoir. Mais elle refuse catégoriquement que cela leur soit imposé, c’est à eux de choisir.
Ce n’est pas aux consommateurs de supporter le coût de la crise actuelle !
Outre le mépris affiché des compagnies aériennes envers les consommateurs et les autorités européennes, l’UFC-Que Choisir dénonce également le remboursement imposé en avoir car il n’existe pas de fonds de garantie dans le transport aérien, contrairement aux séjours.
Autrement dit, si la compagnie aérienne fait faillite, le consommateur qui s’est vu imposer un avoir ne voyagera pas et son argent sera perdu alors qu’il devait être remboursé. Alors que les Etats membres s’engagent dans les plans d’aide auprès des compagnies aériennes, financés par les contribuables, les consommateurs ne doivent pas devenir des préteurs publics quitte à être sacrifiés. Cela équivaudrait à une double peine.
Au vu de ce détournement de la réglementation l’UFC-Que Choisir met donc en demeure les 57 compagnies aériennes de :
- Respecter le droit des passagers en leur proposant en premier lieu le remboursement en argent du prix des billets annulés
- Laisser le choix au passager du mode de remboursement qui lui convient
A défaut de réaction, l’UFC-Que Choisir n’hésitera pas à engager toute action nécessaire pour que ces droits soient pleinement respectés par les compagnies aériennes.
Afin de faciliter les démarches des passagers à qui les compagnies ont adressé un avoir sans leur consentement, l’UFC-Que Choisir met à leur disposition un modèle d’email afin de réclamer le respect de leurs droits. Un appel à témoignages et un forum sont également disponibles sur le site de l’association pour nous informer des différents manquements constatés.
Liste des compagnies aériennes contrevenantes
Air France | Air Tahiti Nui | Air Senegal | Gulf Air |
EasyJet | United | Air Serbia | Icelandair |
Ryanair | Eurowings | Air Transat | Interjet |
Vueling | Aegan | ASL Airlines | Japan Airlines |
KLM | Aeroflot | Avianca | LATAM |
Lufthansa | Air Austral | Boliviana | LOT |
Emirates | Air Baltic | Bulgaria Air | Norwegian |
TAP | Air Canada | Cabo Verde Airlines | Qantas |
Transavia | Air Caraibes | Chalair Aviation | Rwanda Air |
Corsair | Air China | China Southern | Sata Airlines |
Volotea | Air Corsica | Condor | Saudia |
Air Algérie | Air Europa | Croatia Airlines | Scandinavian |
Royal Air Maroc | Air India | Egyptair | Turkish Airlines |
Tunis air | Air Mauritius | French bee | Ukraine Airlines |
Vietnam Airlines |
Notes
Masque de protection L’Académie de médecine se prononce pour un port généralisé
« Aux masques, citoyens ! » L’Académie de médecine n’y va pas par quatre chemins. Devant la réticence des autorités françaises à prôner le port généralisé du masque, sans doute en raison de la pénurie de produits manufacturés, elle appelle directement la population à prendre son destin en main. Ou du moins, sa protection contre le coronavirus, en s’équipant systématiquement de masques, y compris cousus ou bricolés à la maison, pour toute sortie du domicile. Objectif, briser les chaînes de contamination. « Attendre la date du 11 mai pour faire porter le masque aux Français, c’est accorder 3 semaines de répit au SARS-CoV-2 pour qu’il continue de se transmettre, c’est accepter plusieurs milliers de nouvelles infections, donc plusieurs centaines d’hospitalisations et plusieurs dizaines de morts supplémentaires », précise le communiqué publié mercredi 22 avril.
Le port du masque pour se protéger les uns les autres
Selon l’Académie de médecine, s’équiper d’un masque à chaque sortie du domicile est une « démarche altruiste ». Les données scientifiques disponibles montrent qu’avec un masque, on protège surtout les autres d’éventuelles projections contaminantes. Et si tout le monde en porte un, alors tout le monde protège tout le monde. C’est surtout vrai dans les magasins ou dans les transports en commun, où la fréquentation empêche de respecter la distance de sécurité. La vidéo tournée par le Dr Rochoy, un généraliste promoteur sur son site stop-postillons.fr des masques et écrans de protection maison, est éloquente : les deux situations les plus sûres sont, d’une part, celle où une personne qui parle et celle qui lui fait face portent toutes les deux un masque, d’autre part celle où la personne qui parle est équipée, et l’autre pas (1).

Une position partagée par d’autres institutions
L’Académie de médecine n’est pas la seule institution à plaider pour le masque. La Société française de santé publique (SFSP) le recommande depuis fin mars, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) depuis le 3 avril, tout comme leur équivalent européen, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Plusieurs pays ont franchi le pas, le conseillant ou le rendant obligatoire, comme au Portugal, en République Tchèque, en Pologne, au Canada ou au Maroc.
Même un masque fait de chutes de tissu (2), d’un bandana ou taillé dans un vieux t-shirt peut contribuer à limiter la progression du virus. Bien entendu, l’efficacité est nulle si le masque est mal utilisé : il faut veiller à bien couvrir la bouche et le nez, à se laver les mains avant de le placer et après l’avoir ôté, à ne pas l’enlever et le remettre à tout bout de champ, à ne pas le toucher le temps de la sortie.
Lire aussi
(1) https://www.youtube.com/watch?v=sdRoDuwZZaY
(2) Normes et informations sur la confection des masques sur https://www.afnor.org/actualites/coronavirus-telechargez-le-modele-de-masque-barriere/
Anne-Sophie Stamane
Coronavirus Alerte sur de nombreux compléments alimentaires
La consommation de compléments alimentaires à l’action anti-inflammatoire pourrait diminuer la capacité de l’organisme à se défendre contre le Covid-19. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande d’en suspendre la consommation, après discussion avec le médecin prescripteur le cas échéant.
« Suspendre immédiatement la consommation. » Cet avertissement s’adresse à toutes les personnes prenant des compléments alimentaires à l’action potentiellement anti-inflammatoire hors prescription médicale. Et il émane des experts scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). Car ces derniers sont inquiets : ils craignent que certains de ces produits en vente libre et très appréciés des Français n’entravent la capacité de l’organisme à se défendre contre le Covid-19.
Certains compléments alimentaires à base de plante, qu’il s’agisse de gélules, poudres ou liquides, visent en effet à diminuer l’inflammation, une réaction du système immunitaire qui, si elle dure trop longtemps, s’avère délétère pour l’organisme. Sauf que l’inflammation est aussi un processus physiologique très utile, puisqu’elle participe à la défense de l’organisme contre les virus et bactéries. Son inhibition pourrait donc représenter un danger en cas d’infection au coronavirus. Raison pour laquelle il est formellement déconseillé de prendre des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens, tels que l’ibuprofène, en cas de symptômes suggérant une infection au Covid-19. L’Anses recommande donc aux « personnes consommant ces compléments alimentaires dans le contexte de pathologies inflammatoires chroniques de discuter impérativement avec leur médecin de la pertinence de poursuivre ou non leur consommation ».
La liste des plantes à proscrire identifiées par les scientifiques de l’Anses

- Griffe du chat (appelée aussi liane du Pérou)
- Échinacées
- Réglisse
- Saule
- Reine des prés
- Bouleau
- Verge d’or
- Polygala
- Peuplier
- Harpagophytum
- Boswellia (et sa gomme-oléorésine appelée « encens »)
- Commiphora (et sa gomme-oléorésine appelée « myrrhe »).
- Curcuma
Cette liste étant non exhaustive, « nous conseillons aux personnes qui auraient un doute concernant une plante contenue dans un complément alimentaire qu’ils consomment d’en parler à un professionnel de santé, de préférence à leur pharmacien », précise Aymeric Dopter, adjoint au chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses.
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Elsa Abdoun
Visite à un proche âgé Un flou qui laisse trop de place à l’arbitraire
Les situations admises de déplacements dérogatoires au principe du confinement ne sont pas toujours précisément définies, ce qui a déjà conduit à des verbalisations injustifiées. Le cas des visites aux proches vulnérables, lourd d’enjeux éthiques, est à cet égard exemplaire.
Une porte s’est ouverte le 19 avril lors de la conférence de presse d’Édouard Philippe et d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé : les personnes souhaitant rendre visite à des proches vivant en Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pourront désormais le faire sous certaines conditions. Mais pour celles dont les parents âgés vivent toujours à leur domicile, aucun assouplissement n’a été annoncé. Pourtant, l’isolement prolongé dû à l’épidémie de Covid-19 peut aussi les mettre en danger, les syndromes dépressifs pouvant avoir des conséquences somatiques fatales dans le grand âge.

Lorsqu’on sent que le confinement pèse trop lourd sur un parent âgé, a-t-on ou non le droit de se rendre auprès de lui pour lui apporter un peu de réconfort ou d’aide matérielle ? Le message que la plupart des citoyens ont cru entendre depuis le 16 mars est : non, c’est impossible. En témoigne par exemple le courriel envoyé par un internaute en réponse à notre appel à témoignages : « Ma mère a 97 ans, elle vit seule chez elle et est autonome mais le confinement est une maltraitance psychologique majeure pour les personnes dans sa situation. Si je comprends bien les recommandations officielles, je n’ai pas le droit de me rendre auprès d’elle pour lui prêter temporairement assistance. »
Informations contradictoires
Ce n’est pas le site du gouvernement (1) qui éclairera ceux qui s’interrogent. À la question « Puis-je rendre visite à une personne âgée ? », la réponse est : « Non : les visites aux personnes fragiles et âgées à domicile sont suspendues. » Mais à la question : « Puis-je aller auprès de parents dépendants ou de proches ? », la réponse est : « Oui mais uniquement pour vous occuper de personnes vulnérables […] en vous rappelant que les seniors sont les personnes les plus vulnérables. » Que tirer de ce méli-mélo d’informations contradictoires ? À partir de quel moment une personne « fragile et âgée » devient-elle une personne « vulnérable » ? Et surtout, en cas de contrôle, comment un policier ou un gendarme peut-il évaluer cette vulnérabilité ? Cela paraît impossible et le cas médiatisé de cet habitant du Loir-et-Cher interdit d’aller voir son père mourant sur l’île de Ré, et qui n’a donc pu assister à ses derniers instants, n’a pas de quoi rassurer.
Appréciation subjective
Contacté, le ministère de l’Intérieur assure que l’attestation sur l’honneur (en cochant la case déplacement pour motif familial impérieux) suffit. Puis finit par admettre qu’un justificatif de domicile de la personne visitée serait bienvenu. Mais, outre que les personnes âgées ne sont pas toutes, loin de là, équipées d’un scan et d’un accès à Internet pour faire parvenir ce document à leur proche, un tel document n’a rien à voir avec la vulnérabilité.
« On constate un flou artistique qui est anormal, déplore Maître Louis le Foyer de Costil, avocat spécialiste de droit public. Il existe un principe en droit : toute infraction doit être définie de manière claire. En l’occurrence, on aurait pu préciser qui on considère comme personnes vulnérables, car c’est une notion éminemment subjective, mais aussi établir une liste, pas forcément limitative, de preuves admissibles : pièce d’identité renseignant sur l’âge ou certificat médical, par exemple. Faute de quoi, on est soumis à l’arbitraire des policiers, qui eux-mêmes ne sont pas à l’aise, d’autant que l’absence de clarté au niveau central aggrave le risque que les directives locales soient contradictoires. » De fait, en cette période de vacances scolaires, les forces de l’ordre de certains départements littoraux semblent avoir reçu des consignes de sévérité pour éviter les séjours à la mer déguisés en visites au grand-père cacochyme. Au-delà des consignes données par la hiérarchie, cette imprécision laisse un champ considérable à l’appréciation subjective du policier ou du gendarme. C’est la porte ouverte à des injustices d’autant plus cruelles que les personnes sont déjà affectées par l’état de santé de leur parent. « Au-delà de l’atteinte possible aux libertés, ce flou n’est pas souhaitable non plus d’un point de vue sanitaire car les sanctions risquent de ne pas être comprises », poursuit l’avocat. Or l’adhésion de la population est indispensable pour que le confinement soit efficace.
En pratique, si vous devez rendre visite à un proche âgé, vous aurez soin (outre le respect scrupuleux des gestes barrières) de réunir un maximum de preuves de votre bonne foi. La plus convaincante reste une attestation du médecin traitant précisant la nécessité d’assistance. Faute de quoi, tout document prouvant son adresse (pour justifier votre itinéraire), son âge, son état de vulnérabilité (santé physique et psychologique) peuvent être utiles. Si vous estimez être verbalisé à tort, ne réglez pas l’amende immédiatement car cela vaut reconnaissance de l’infraction et contestez-la en respectant la procédure.
(1) https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus
Fabienne Maleysson
Confinement L’importance de la vitamine D
Le printemps est habituellement l’occasion de reconstituer ses stocks de vitamine D en s’exposant au soleil. Mais l’épidémie de coronavirus en a voulu autrement… L’agence française en charge de la sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement (Anses) prodigue ses conseils pour préserver cette vitamine essentielle malgré le confinement.
Elle préserve les tissus osseux et musculaires, menacés par la baisse d’activité physique, et renforce les défenses immunitaires, qui sont en première ligne contre le coronavirus : la vitamine D s’avère particulièrement utile en cette période d’épidémie. Malheureusement, c’est aussi en ce moment qu’elle risque particulièrement de nous manquer…
Car la vitamine D est produite par l’organisme sous l’effet des rayons ultra-violets du soleil, dont nous sommes tous en partie privés en cette période de confinement. De plus, à la maison, les Français « cuisinent peu de poisson, qui est un autre vecteur essentiel de vitamine D », s’inquiète Irène Margaritis, cheffe d’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Enfin, « nous sortons tout juste de l’hiver, durant lequel nos stocks de vitamine D ont été épuisés », poursuit l’experte. L’Anses propose donc à la population française un rappel de la manière de fournir à son organisme une dose suffisante de vitamine D.

Adopter une alimentation riche en vitamine D
Première recommandation, consommer des aliments riches en vitamine D (1), tels que :
- les poissons gras (hareng, sardines, saumon, maquereau…) ;
- les abats (notamment le foie) ;
- le jaune d’œuf ;
- les produits laitiers enrichis en vitamine D ;
- le beurre, la margarine ;
- le fromage ;
- la viande.
Sans pour autant dépasser les doses préconisées par les autorités de santé, à savoir :
- du poisson 2 fois par semaine (dont un poisson gras) ;
- des produits laitiers 2 fois par jour ;
- un maximum de 500 g de viande par semaine ;
- des produits gras et matières grasses ajoutées en quantités limitées et préférentiellement d’origine végétale.
S’exposer au soleil
Seconde recommandation, s’exposer (avec modération) au soleil. Une source complémentaire, et véritablement indispensable, de vitamine D car « il est quasiment impossible d’atteindre un taux suffisant de vitamine D par la seule alimentation, avec notre régime occidental », prévient Irène Margaritis. D’après l’Anses, à cette période de l’année, il suffit d’exposer le visage, les avant-bras et les mains au soleil durant une vingtaine de minutes pour obtenir une dose suffisante de vitamine D pour la journée. Même si « la capacité de synthétiser la vitamine D en réponse à l’exposition au soleil varie d’une personne à l’autre », précise Irène Margaritis. En effet, plus une personne est âgée ou a la peau foncée, et plus la capacité de sa peau à synthétiser de la vitamine D diminue.
Les recommandations de l’Anses sont donc particulièrement importantes pour les personnes âgées ou à peau noire ou foncée, mais aussi pour les femmes ménopausées, sujettes à la déminéralisation osseuse. Irène Margaritis insiste, cependant : « C’est une recommandation importante pour l’ensemble de la population. La période actuelle nous le rappelle : un système immunitaire pleinement fonctionnel est important pour tous. »
Or les dernières données disponibles indiquent qu’une majorité de français sont en déficit, notamment car les apports alimentaires sont pour l’instant très insuffisants : 3,1 microgrammes (µg) par jour de vitamine D, en moyenne, pour les adultes, alors que les autorités sanitaires recommandent d’en absorber quotidiennement 15 µg.
L’Anses déconseille néanmoins (en dehors de toute « indication diététique ou médicale ») de combler ce manque par l’usage de compléments alimentaires. Ces derniers peuvent en effet exposer à des apports en vitamine D trop élevés, aux conséquences potentiellement délétères sur le fonctionnement du système cardiovasculaire et des reins.
(1) Pour connaître la teneur exacte en vitamine D de chaque aliment : https://ciqual.anses.fr/
Elsa Abdoun