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Carte TNT Sat Toujours et encore des problèmes de renouvellement

Et à nouveau des soucis pour ceux qui n’ont d’autre choix que de recevoir la TNT par le satellite. Les cartes TNT Sat à intégrer dans leur décodeur (à renouveler tous les quatre ans) mettent un temps fou à arriver chez eux !

 

Carte TNT Sat Toujours et encore des problèmes de renouvellement

C’est un flot de plaintes et témoignages qui déferlent depuis quelques semaines sur Que Choisir. De très nombreuses personnes qui doivent recevoir la télévision par satellite parce qu’elles sont mal couvertes par un relais de diffusion terrestre sont aujourd’hui en carafe !

Tous les 4 ans, les foyers concernés doivent demander à TNT Sat (groupe Canal Plus) qui assure ce service de renouvellement de la carte à intégrer dans le décodeur. Une fois la date de validité de l’ancienne carte passée, et sans la nouvelle, plus possible de recevoir les chaînes.

Ce changement de carte, que TNT Sat justifie par la « lutte contre le piratage », est facturé 15 €, à régler par carte bancaire (via Internet ou un numéro de téléphone dédié) ou par chèque (par courrier).

Si c’est le premier mode de paiement qui est utilisé, TNT Sat assure que la carte est adressée « sous 7 jours et qu’elle sera utilisable immédiatement ». Lorsque c’est le chèque qui est choisi, le délai passe à 3 semaines.

Problème, de nombreux téléspectateurs qui ont payé par carte bancaire ne voient toujours rien venir. Et si les 15 € ont immédiatement été débités, la carte TNT ne leur a toujours pas été adressée. Pour certains cela dure depuis des semaines, ce qui a de quoi les mettre dans une colère noire.

Le témoignage de Patricia P. en est une bonne illustration. « Ma carte TNT a été commandée le 26 décembre, écrit-elle dans un mail du 25 janvier adressé à Que Choisir. Le jour même, mon compte a été débité. J’ai bien reçu l’accusé de réception de ma commande et la confirmation de mon paiement. À ce jour, je n’ai toujours rien reçu. C’est déplorable. Je leur ai fait passer un courriel au bout de deux semaines car j’ai voulu leur accorder un « délai raisonnable » (fêtes de fin d’année). TNT Sat n’a même pas eu la politesse de me répondre. Ils ne répondent pas, non plus, au téléphone. Alors que fait-on ? On va au tribunal pour 15 € ? Combien de personnes rackettent-ils de cette façon ? » Une exaspération partagée par d’autres clients captifs (par définition !) de TNT Sat.

Arnaud de Blauwe

30 janvier 2020

Assurance vie Le palmarès des taux de rendement 2019 Publié le : 28/01/2020

Depuis 2012, date où nous avons lancé le palmarès annuel des taux de rendement de l’assurance vie, l’érosion des bénéfices a été constante. Autour de 4 % nets de frais de gestion au début des années 2010, les taux de rendement de la majorité des assurances vie dépassent difficilement aujourd’hui 1,5 % de rentabilité annuelle. L’explication se trouve toujours dans la politique des banques centrales qui maintiennent des taux obligataires bas pour aider la relance de l’économie. Cette poursuite a encore pesé sur les rendements des fonds en euros en 2019 puisque ces derniers sont majoritairement investis en obligations.
Assurance vie  Le palmarès des taux de rendement 2019

Les mutualistes entre 1,60 % et 1,95 %

À quelques petites exceptions près, la très grande majorité des compagnies mutualistes ont encore servi les rendements les plus honorables du marché, même si ces derniers sont en baisse par rapport à l’année 2018, comme l’extrême majorité des assureurs. Leurs contrats ont perdu en moyenne 0,5 points par rapport à l’année dernière pour s’établir autour de 1,60 % à 1,70 %. C’est le cas notamment des principaux groupes mutualistes (Maif, Macif, Macsf, Carac, Le Conservateur, SMABvieBTP, Maaf, Mif) qui tournent autour de 1,60 % et 1,80 %, avec une pointe pour Mif qui frôle les 2 % (1,95 % servis). Selon la direction de la Mif, « ces résultats sont notamment permis par une structure mutualiste (sans actionnaires à rémunérer) et un modèle de coûts maîtrisés avec de faibles frais de gestion ». Elle précise que le taux servi s’applique à tous ses contrats d’assurance vie, indépendamment de l’ancienneté du contrat.

Les résultats des banques en ligne font le yoyo

Certaines banques directes (ING direct, Boursorama) n’impressionnent pas par leurs résultats : 1,15 %. Fortuneo s’en sort mieux (1,60 %). Carrefour Banque sort même carrément du lot avec ses 2,14 %. Mais plus pour tout le monde ! L’enseigne de grande distribution annonce en effet avoir stoppé la commercialisation de son contrat d’assurance vie Carrefour Horizons. Seuls les contrats déjà ouverts avant fin 2019 continueront de vivre et de profiter de ces rendements.

Assureurs privés et bancassureurs plutôt à plat

Caisse d’épargne, Generali, Swiss Life, etc., continuent, eux, d’occuper plutôt les places de fin de tableau avec un tout petit 1 % pour Swiss Life. Reste qu’avec la dernière annonce de baisse du taux du livret A à 0,50 %, les assurances vie conservent un relatif intérêt. Celui, tout au moins, de mettre son argent en sécurité. Ce qui n’est pas le cas des fonds Eurocroissance ou des fonds actions (partiellement ou intégralement investis en actions) dont le capital n’est pas garanti ! Il est donc toujours conseillé de ne pas céder aux sirènes des conseillers financiers qui proposent de diversifier son assurance vie avec des actions, sans connaître un minimum le fonctionnement de la bourse et suivre de près les actions sélectionnées.

Taux de rendements 2019 de 20 contrats d’assurance vie(1)

Assureur Nom du contrat Rendement 2019 (rappel du taux 2018)(1) Évolution sur 1 an
Afer

Afer

Afer Multisupport 1,85 % (2,25 %) – 0,40
Agipi

Agipi

Fonds Agipi 1,70 % (2,10 %) – 0,40
Apicil

Apicil

Apicil Frontière Efficiente 1,10 % (2,01 %) – 0,91
Asac Fapes

Asac Fapès Alliantz

Épargne retraite 2,08 % (2,48 %) – 0,40
Axa

Axa

Odyssiel 1,60 % (1,90 %) – 0,30
BNP Paribas Cardif

BNP Paribas Cardif

BNP Paribas Multiplacements 1,45 % (1,50 %) – 0,05
Boursorama

Boursorama

Eurossima 1,15 % (1,65 %) – 0,50
Caisse d’épargne

Caisse d’épargne

Millevie Non communiqué
Carac

Carac

Compte épargne Carac 1,80 % (2 %) – 0,20
Carrefour-Axa France

Carrefour banque

Carrefour Horizon(2) 2,14 % (2,44 %) – 0,30
Fortuneo

Fortuneo

Suravenir rendement 1,60 % (2 %) – 0,40
Generali

Generali

Eurossima 1,15 % (1,65 %) – 0,50
gmf

GMF

Multeo 1,90 % (2,10 %) – 0,20
La Banque postale

La Banque postale

Vivaccio Non communiqué
ING Direct

ING Direct

Eurossima 1,15 % (1,65 %) – 0,50
Le Conservateur

Le Conservateur

Helios Sélection 1,80 % (2,27 %) – 0,47
Linxea

Linxea

Linxea Zen 1,25 % (2,16 %) – 0,91
Maaf

Maaf

Winalto 1,75 % (1,85 %) – 0,10
Macif

Macif

Multi Vie 1,50 % (1,50 %) 0
MACSF

MACSF

RES 1,70 % (2,20 %) – 0,50
Maif

Maif

Nouveau Cap 1,50 % (1,80 %) – 0,30
Mif

Mif

Compte Épargne Libre Avenir 1,95 % (2,35 %) – 0,40
SMA Vie

SMAvie BTP

Batiretraite Multicompte 1,65 % (2,24 %) – 0,59
Swiss Life

Swiss Life

Swiss Life Liberté 1 % (1,50 %) – 0,50

Source : Établissements.
(1) Taux nets de frais de gestion mais bruts de prélèvements sociaux et de frais sur versements.
(2) Carrefour abandonne l’assurance vie. Il n’est plus possible de souscrire de nouveaux contrats auprès de Carrefour banque. Seuls les contrats en cours continueront d’être gérés.

Le palmarès des rendements depuis 2012

Élisa Oudin

30 janvier 2020

Location de longue durée d’électroménager : Pire que le crédit revolving !


Alors que l’action déterminée de l’UFC-Que Choisir à l’occasion des lois Lagarde (2010) et Hamon (2014) a contribué à juguler le surendettement des ménages, l’association lance l’alerte, à partir d’une étude, sur l’essor de la location de longue durée dont les contours et les effets sont encore pires que les excès du crédit revolving des années 2000. La déferlante incontrôlée de ces offres ruineuses dans les grands magasins constitue une grave menace à l’intérêt des consommateurs. Au vu de ses constats, l’UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à leur mise au pas rapide.

LLD et crédit revolving : les mêmes excès, la même accoutumance

La location de longue durée (LLD) permet aux consommateurs d’utiliser un bien sans avoir la possibilité d’en devenir propriétaire à l’issue du contrat. Conçue notamment pour séduire les petits budgets grâce à ses loyers très réduits, elle déferle chez la Fnac, Darty, Cdiscount et Boulanger.

Ce mode de financement relève des mêmes excès que le crédit revolving. D’une part, la consommation exubérante, parce qu’il participe au suréquipement et au surdimensionnement d’appareils qui contribuent au changement climatique1. D’autre part, la ruineuse accoutumance, parce qu’il incite les consommateurs à renouveler indéfiniment leur engagement pour conserver l’usage de biens indispensables (réfrigérateur, micro-ondes, etc.).

Plus chère que le crédit renouvelable, pour être seulement locataire !

Profitant d’une réglementation obsolète, la LLD constitue un véritable gouffre économique. Non reconnue comme étant un crédit à part entière, son coût pour le consommateur échappe à tout encadrement2. Le tableau ci-dessous présente cinq exemples de location de longue durée de produits du quotidien.

tableau CP LLD 0
Tableau avec exemples pour le coût de la LLD

Sous le voile d’un loyer attractif (14 euros) et d’un service après-vente « express », la palme des tarifs exorbitants revient à la location d’un micro-ondes proposée par la filiale de Boulanger. Au prix de 731 euros sur quatre ans (contre 316 euros à l’achat), son taux d’intérêt implicite3 atteint 76 %, soit plus de trois fois le taux d’usure ! Louer revient ainsi plus de deux fois plus cher qu’acheter immédiatement (+ 130 %) ! Une fois n’est pas coutume, même le crédit renouvelable s’avère moins nocif : la LLD coûte près de 350 euros plus cher alors qu’elle ne permet pas au consommateur de devenir propriétaire du bien au terme du contrat.

Pire, une fois prise en compte la durée d’usage effective d’un micro-ondes, le locataire devra s’acquitter d’environ 1404 euros4, soit plus de quatre fois son prix comptant. Si ce n’était pas suffisant, les contrats proposés par Fnac-Darty, Boulanger location, Cdiscount recèlent de nombreuses clauses venant minimiser les obligations des professionnels ou imposant des obligations démesurées au détriment des consommateurs. Il est ainsi prévu que si le bien est restitué en mauvais état, le client pourra se voir facturer une kyrielle de frais supplémentaires (réparation, remplacement à neuf) le plus souvent à partir de la seule appréciation du bailleur !

LLD : contestable dans son principe, déplorable dans la pratique

Proposée en alternative au crédit, la LLD obère les droits des emprunteurs. A la différence du crédit, le distributeur n’est tenu ni d’indiquer son coût total, ni d’exprimer son prix en taux, ni d’avertir sur le risque d’un endettement excessif ! Ces manquements, qui rendent impossible la comparaison entre les modes de financement, sont d’autant plus graves que les enseignes présentent la LLD comme étant particulièrement abordable. Or, d’après nos relevés tarifaires, ce sont bien les locations en apparence les plus abordables (loyers faibles) qui coûtent en réalité le plus cher !

Enfin, les tarifs semblent également échapper à toute logique économique. Bien conscientes que l’attention des consommateurs est accaparée par le montant mensuel des loyers, les enseignes en profitent pour se rattraper sur le prix des assurances complémentaires fortement prescrites. Par exemple, louer un iPhone chez Cdiscount coûte 729 euros quand le service équivalent est 35 % (Darty, Boulanger location) et 51 % (FNAC) plus cher chez la concurrence5 !

Alors qu’en 2009 l’UFC-Que Choisir lançait l’alerte sur la distribution irresponsable du crédit revolving et ses conséquences désastreuses en matière de surendettement, l’association déplore que les pratiques délétères se soient déportées vers de nouvelles formes de financement dont l’absence d’encadrement rend possibles tous les abus.

En conséquence, l’association appelle les pouvoirs publics à mettre en œuvre au plus vite un cadre juridique propre à contenir les effets nocifs de location de longue durée. Ce dernier impose :

  • Un plafonnement tarifaire qui doit porter à la fois sur le coût total de la location ainsi que sur les frais de résiliation ;
  • La mise en œuvre d’une information précontractuelle standardisée pour permettre aux consommateurs de faire jouer la concurrence et d’y souscrire en toute connaissance de cause. Cette dernière doit notamment comprendre :

– Le montant total des loyers à payer ;

– Le détail des frais supplémentaires susceptibles d’être facturés ;

– Le montant total à payer en surplus du prix de référence au comptant.

Parallèlement, l’association met en demeure Boulanger location ainsi que les partenaires financiers bailleurs de Fnac-Darty (Crédit Agricole Consumer Finance) et Cdiscount (Crédit Mutuel Leasing) de purger leurs contrats des clauses qu’elle estime abusives et se réserve, à défaut d’une réponse satisfaisante, d’agir en justice.

Notes

1 Par exemple, plus la taille d’un écran de télévision est grande, plus ses émissions de gaz à effet de serre sont élevées, d’après La face cachée des objets : vers une consommation responsable, ADEME, 2018.
2 Par exemple, le taux d’un crédit de moins de 3000 euros ne peut excéder 21 % au 3ème trimestre 2019.
3 Afin d’établir le taux annuel effectif global (TAEG) correspondant à la LLD, nous fixons les conditions nécessaires à son calcul à partir des hypothèses suivantes : le premier versement est déterminé comme l’apport du crédit, l’équivalent du montant du crédit souscrit est la différence entre le prix comptant et le premier versement, les loyers sont déterminés comme les échéances de remboursement d’un crédit classique.
4 Hypothèse de renouvellement de la location à l’issue du bail dans la mesure où la durée d’usage effective d’un micro-onde atteint environ 111 mois d’après l’étude fiabilité du Euroconsumers Group, 2018.
5 Tarifs pour l’iPhone XR 64 Go en LLD pendant 24 mois souscrit avec les assurances complémentaires.
27 janvier 2020

LastMinute Consommateurs, ne vous laissez pas abuser !

Face aux procédés pernicieux utilisés par Lastminute pour vendre sur son site des assurances voyages à l’insu de ses clients, l’UFC-Que Choisir lance l’alerte et attaque l’opérateur pour pratiques commerciales illicites, agressives et trompeuses devant le Tribunal Judiciaire de Paris.

 En attendant la décision à intervenir, l’association recommande aux consommateurs la plus grande vigilance face au professionnel qui se présente comme le « leader dans l’industrie du voyage en ligne et des loisirs ».

Les témoignages de consommateurs sur internet parlent d’eux-mêmes :

« Des frais cachés de dernières minutes […] Une fois le paiement validé qu’elle ne fut pas ma surprise de voir que j’avais également payé une assurance pour mon vol dont je n’avais absolument pas besoin. Tout est fait pour piéger le client au moment de l’achat, la vente n’est pas loyale je ne recommande pas ce site. »1

« Le prix affiché du billet ne correspond pas du tout au prix final. Une assurance a été automatiquement rajoutée sans demander mon accord. »2

L’action de l’UFC-Que Choisir pour faire cesser cette pratique illégale

Depuis quelques mois, alors que les consommateurs ne choisissent pas initialement d’assurance, le voyagiste fait apparaitre, après la validation du moyen de paiement, une fenêtre pop-up qui détourne l’attention des consommateurs et leur fait souscrire l’assurance la plus chère sans s’en rendre compte.

Alors que le site lastminute.com est configuré pour pousser le consommateur à acheter et finaliser le plus vite possible son achat, cette fenêtre pop-up reprend les mêmes codes graphiques qu’un pop-up qui demanderait au consommateur de confirmer son paiement pour profiter des réflexes inconscients des internautes et ainsi leur vendre l’assurance qu’ils ont pourtant refusée quelques clics plus tôt.

L’UFC-Que Choisir dénonce ce piège marketing, simple mais terriblement efficace. Par ce procédé, LastMinute viole la législation de la vente sur internet qui avec le principe du « double-clic » impose que l’internaute puisse vérifier une dernière fois sa commande et son prix avant de procéder à l’achat.

L’association a donc saisi le Tribunal Judiciaire de Paris pour que cette pratique qui rapporte plusieurs millions d’euros par an3 à LastMinute cesse, soit jugée agressive et trompeuse et que l’opérateur soit sanctionné. Malheureusement, le temps joue contre les consommateurs puisque cette décision ne sera pas rendue avant plusieurs mois du fait des délais judiciaires.

Dans l’attente du jugement, l’association appelle donc les consommateurs à la plus grande prudence et vigilance s’ils devaient utiliser ce site. Ceux qui auraient acheté un billet sur le site et qui ont été victimes des pratiques de LastMinute peuvent compléter l’appel à témoignage afin de nous faire part de leur expérience.

27 janvier 2020

Justice L’exécution immédiate des jugements étendue

La mesure est passée assez inaperçue et pourtant elle marque une petite révolution dans le droit français. Pour les procédures introduites depuis le 1er janvier, les jugements qui seront rendus en première instance devront être exécutés même si l’une des parties à l’instance a fait appel.

Justice L’exécution immédiate des jugements étendue

Voilà une mesure qui fait grincer quelques dents chez les juristes. En application de la loi justice adoptée au printemps dernier, les jugements rendus par les tribunaux civils de première instance deviennent exécutoires de plein droit (art. 514 du code de procédure civile). En d’autres termes, même si l’une des parties fait appel, la décision s’applique. Par exemple, la partie condamnée à verser des dommages-intérêts à son adversaire devra le faire sans délai. La mesure vaut pour les procédures introduites après le 1er janvier 2020.

Auparavant, le juge avait une marge de manœuvre. Il devait spécifier noir sur blanc qu’il ordonnait l’exécution du jugement rendu, ce qui était loin d’être systématique. En dehors de ce cas, faire appel d’une décision avait, en principe, un effet suspensif. Autrement dit, les dispositions du jugement de première instance étaient gelées tant que la cour d’appel ne s’était pas prononcée.

Avec l’exécution provisoire d’office, si la partie qui a perdu en première instance interjette appel et qu’elle gagne, alors elle devra être rétablie dans la situation antérieure. Ainsi, elle pourra réclamer le remboursement des dommages-intérêts versés à la partie qui a remporté la première manche !

Une source de nouveaux contentieux

Certains observateurs mettent en avant les difficultés que cela occasionnera, ce qui aura pour conséquence de créer un nouveau contentieux. Tout l’inverse de l’objectif visé par cette réforme qui est de désengorger les tribunaux saturés. Environ 20 % des décisions de première instance font aujourd’hui l’objet un appel. Et le taux d’infirmation tourne autour de 50 %, ce qui n’est pas rien !

L’exécution provisoire d’office supporte néanmoins quelques exceptions. Certaines sont fixées par la loi. Ainsi, elle ne s’applique pas à certaines décisions statuant sur l’état civil (par exemple, demande de changement de nom ou de prénom), aux décisions du juge des affaires familiales (par exemple, autorité parentale et pension alimentaire) ou liées à l’adoption.

Les exceptions peuvent également être judiciaires. Le juge a la possibilité de renoncer à l’exécution s’il estime qu’elle est incompatible avec la nature de l’affaire dont il est saisi. Autre cas de figure, s’il y a appel, la partie condamnée peut demander au premier président de la cour d’appel compétente la suspension de l’exécution provisoire. Cela ne sera toutefois pas possible si lors du premier round elle n’avait pas formulé d’observations sur le caractère exécutoire de la procédure.

Arnaud de Blauwe

27 janvier 2020

Compléments alimentaires Mise en garde contre la berbérine

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a analysé la sécurité d’usage des compléments alimentaires de berbérine. Verdict : cet extrait de plante agit comme un médicament, avec des risques importants et doit être déconseillé à de nombreuses personnes, dont celles constituant le cœur de cible de ces produits.

Compléments alimentaires Mise en garde contre la berbérine

Aliment ou médicament ? C’est la question qui sous-tend le rapport de l’Agence de sécurité alimentaire (Anses), paru fin novembre 2019, à propos de la berbérine. Cette substance active d’origine naturelle est tirée de diverses plantes dont l’épine-vinette (Berberis vulgaris). Si la consommation de ses baies (séchées ou en confiture) ne pose pas de problème, il en va autrement des extraits de racines ou d’écorces vendus sous forme de gélules. « La sécurité d’emploi de ces compléments alimentaires ne peut être à ce jour garantie », tranche l’Anses.

Un médicament qui ne dit pas son nom

Le problème est le suivant : la berbérine a une action pharmacologique, réelle, importante et diverse. Elle a des effets établis sur le système nerveux central (anticonvulsion, antidouleur), sur le système cardiaque (antihypertenseur) et réduit le taux de certains lipides dans le sang. Elle agit particulièrement sur le métabolisme avec un effet hypoglycémiant (qui fait baisser le taux de sucre dans le sang). Les vendeurs de ces compléments alimentaires promeuvent leurs produits avec des mentions telles que « Maintien d’une glycémie normale » ou « Zéro sucres » voire en les recommandant comme traitement antidiabète. C’est ennuyeux à double titre. D’une part ce genre d’allégations santé n’a pas été autorisé. D’autre part elles masquent une réalité autre : en fait, la berbérine ne maintient pas la glycémie (effet physiologique) mais elle la fait baisser (effet thérapeutique), comme plusieurs études cliniques l’ont démontré. La nuance peut sembler subtile mais c’est précisément ce qui fait la différence entre un aliment et un médicament. À partir de 400 mg, écrit l’Anses, « la berbérine agit comme un médicament et non plus comme un aliment ». Mais les experts n’excluent pas un effet à des doses inférieures.

Diabétiques, gare !

Comme un médicament, la berbérine peut donc avoir des effets indésirables. Les plus fréquents sont d’ordre gastro-intestinal : diarrhées, douleurs abdominales, nausées, etc. Plus grave encore, la berbérine interagit avec de nombreux médicaments : la carbamézépine, la ciclosporine, la digoxine, le losartan, la metformine (un antidiabétique justement) et d’autres. Les conséquences de ces interactions peuvent être graves. Or ces produits sont en vente libre, dans les rayons des pharmacies ou des boutiques alimentaires. Nul ne peut donc se douter des risques qu’implique la consommation de ce produit apparemment inoffensif. L’Anses déconseille donc la consommation des compléments alimentaires aux personnes qui prennent des médicaments. Elle recommande aussi d’éviter l’usage pour les enfants et adolescents, les femmes enceintes et allaitantes et certaines populations à risque. Parmi ces dernières, les personnes souffrant de troubles cardiaques et les personnes diabétiques… qui sont précisément le public visé par ces produits. Les mises en garde et restrictions formulées par l’Anses visent à minimiser les risques. Mais au fond, c’est le statut réglementaire de ces compléments alimentaires qui doit être revu, ces compléments n’étant à l’évidence pas de simples « aliments ». Dans divers pays européens, comme la Suède, la Grèce, la Hongrie, l’usage de berbérine dans un cadre alimentaire n’est pas autorisé.

 

Perrine Vennetier

13 janvier 2020