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Alimentation, Produit alimentaire

Alimentation bio   Les gros consommateurs moins sujets au diabète

Un risque 35 % moins élevé de diabète de type 2 chez les plus gros consommateurs de bio. Voilà la dernière observation réalisée grâce à l’étude de la cohorte française NutriNet. Un bénéfice qui pourrait s’expliquer par une moindre exposition aux pesticides, même s’il reste à confirmer.

Les arguments continuent de s’accumuler en faveur d’un bénéfice de la consommation de bio pour la santé. Après avoir démontré que la consommation de ce type de produits était liée à un moindre risque de cancer, mais aussi de prise de poids (1) et de perturbation du métabolisme (2), une équipe de chercheurs français (3) vient cette fois de publier une étude suggérant un possible effet protecteur de l’alimentation bio contre le diabète de type 2 (4).

 

UN TIERS DE RISQUE EN MOINS

Leur méthode de démonstration demeure toujours la même : les scientifiques ont suivi pendant 4 ans l’évolution de la santé de plus de 30 000 Français, qui avaient préalablement rempli un questionnaire très détaillé concernant, notamment, leur alimentation. Puis ils ont comparé le pourcentage d’individus ayant développé un diabète de type 2 en fonction de leur consommation d’aliments bio. Résultat : seul 0,15 % des plus gros mangeurs de bio avaient développé un diabète durant les 4 années de suivi, contre le double chez les plus faibles consommateurs. Ce qui a amené les chercheurs à conclure, une fois pris en compte les effets liés à d’autres facteurs, tels que l’âge, l’équilibre nutritionnel ou encore la pratique sportive, que la consommation d’aliments bio pourrait être, à elle seule, associée à une baisse de 35 % du risque de diabète de type 2.

Les auteurs de l’étude le reconnaissent eux-mêmes : ce résultat est loin de constituer une preuve absolue que la consommation de produits bio protège du diabète. Car malgré toutes leurs précautions, il ne peut toujours pas être exclu que le faible risque de diabète de type 2 retrouvé chez les consommateurs de bio soit dû à d’autres aspects de l’hygiène de vie de ces derniers. Un risque d’autant plus grand que « dans cette étude, la durée de suivi et le nombre de personnes qui ont développé un diabète sont faibles, ce qui limite la puissance statistique », juge Nasser Laouali, épidémiologiste au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations.

 

LES PESTICIDES EN CAUSE ?

Cependant, de précédentes études appuient l’hypothèse d’un effet protecteur du bio. C’est notamment le cas d’expériences sur des animaux de laboratoire qui suggèrent un effet néfaste de l’ingestion de résidus de pesticides sur le métabolisme, alors que les fruits, légumes et céréales bio sont bien moins contaminés par les produits phytosanitaires que leurs équivalents non bio. « L’hypothèse d’un effet de la consommation de bio sur le risque de diabète a du sens sur le plan biologique », juge Xavier Coumoul, toxicologue à l’université Paris-Descartes et membre du groupe d’expertise sur les pesticides de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). « Cette hypothèse s’appuie sur une base scientifique sérieuse », confirme Nasser Laouali. Cette base scientifique a d’ailleurs récemment amené les autorités de santé à recommander de privilégier, dans la mesure du possible et « selon un principe de précaution », la consommation de produits végétaux « cultivés selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides ».

 

 

(1) “Prospective association between consumption frequency of organic food and body weight change, risk of overweight or obesity: results from the NutriNet-Santé study”, Kesse-Guyot E., Baudry J., Assmann K.E., Galan P., Hercberg S., Lairon D., British Journal of Nutrition, Volume 117 – Issue 2, pages 325 à 334, 2017.

(2) “Association between organic food consumption and metabolic syndrome: cross-sectional results from the NutriNet-Santé study”, Baudry J., Lelong H., Adriouch S., Julia C., Allès B., Hercberg S, et al., European Journal of Nutrition, 2017.

(3) Équipe mixte de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’université Paris 13 et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).

(4) “International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity”, Kesse-Guyot et al., 2020.

 

Elsa Abdoun