UFC-Que Choisir Béziers

High Tech, Internet

Emmanuel Macron et la 5G   Ni « modèle Amish », ni « modèle bulldozer »

LE BILLET DU PRÉSIDENT

La sortie d’Emmanuel Macron sur les défenseurs du « modèle Amish » ne passe pas inaperçue ! Dans son propos, ou a minima dans les commentaires qui peuvent en être tirés par la presse du jour, un amalgame est réalisé : demander un moratoire sur la 5G, c’est promouvoir un mode de vie ne laissant aucune place à la technologie.

Si les effets de tribune recherchés par le Président de la République ne nécessitent pas systématiquement de réaction, il me semble indispensable ici que les véritables contours du débat soient rétablis car, justement, l’UFC-Que Choisir demande également un moratoire sur les projets de commercialisation de la 5G.

Alors, cette position fait-elle de notre association une technophobe ? Elle qui promeut la création d’un droit opposable à un internet de qualité !

N’est-il pas possible de défendre un moratoire sur la 5G, en se référant à l’idée toute simple, mais peut-être trop passéiste pour le Président de la République, qu’il convient d’attendre quelques mois le rapport de l’ANSES sur les effets sanitaires de la 5G, rapport précisément commandé par… le Gouvernement.

Comment accepter que les questions de santé soient un non-sujet pour les promoteurs les plus acharnés de l’évolution technologique, dont le chef de l’Etat, qui confond vitesse et précipitation ?

Comment accepter que le débat démocratique soit empêché par une volonté d’imposer, quel qu’en soit le prix, une technologie à l’ensemble de nos concitoyens ?

Comment, qui plus est, accepter que la 5G puisse être commercialisée sans avoir bâti une réglementation empêchant les opérateurs, via des campagnes marketing frôlant la filouterie, de vendre la 5G comme étant nécessairement un progrès technologique, alors qu’en réalité le saut qualitatif par rapport à la 4G sera parfois inexistant ? Nous demandons qu’un cadre garantissant que le consommateur ne se fera pas refiler de la 5G plus chère pour ce qui pourrait parfois ne pas être mieux que de la 4G soit posé. Serait-ce moyenâgeux que de poser ces exigences préalables ?

C’est tellement commode de lancer l’anathème plutôt que de répondre. Emmanuel Macron, qui dans ses adresses aux Français plaidait il y a peu pour plus de concertation avec la société civile, aurait tout à gagner à se rappeler d’une formule de l’un de ses prédécesseurs : « il faut parfois savoir donner du temps au temps ».

Alain Bazot

Président de l’UFC – Que Choisir